L’entrée en Bourse de Groupon attendue comme un succès malgré les doutes

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ée du siège de la société Groupon à Chicago, aux Etats-Unis (Photo : Scott Olson)

[04/11/2011 14:37:20] NEW YORK (AFP) Le site internet spécialiste des bonnes affaires Groupon, qui devait entrer en Bourse vendredi à New York, suscite toujours autant de doute sur sa viabilité mais son appel au marché a déjà l’allure d’un succès, grâce au nombre très réduit de titres qu’il met en jeu.

La jeune société de Chicago, qui avait refusé il y a un an de se faire racheter par Google moyennant six milliards de dollars, a annoncé jeudi soir qu’elle offrait non plus 30 mais 35 millions d’actions au prix de 20 dollars, dépassant la fourchette de 16 à 18 dollars annoncée le mois dernier.

Au total, Groupon prévoit donc de lever 700 millions de dollars – 710,5 millions si les banques chargées du placement des actions exercent intégralement leur option de surallocation – pour financer les besoins généraux de l’exploitation.

L’opération valorise l’entreprise à quelque 12,66 milliards de dollars, moitié moins que les estimations qui étaient encore avancées l’été dernier.

Pour la société financière Renaissance Capital, spécialisée dans les entrées en Bourse, “vu que les actions mises en vente ne représentent que 5% de la capitalisation, l’action pourrait grimper dans les premiers échanges (de vendredi au Nasdaq), grâce à une dynamique favorable d’offre et de demande”.

“Généralement on met 15% à 20% (du capital) dans une introduction (en Bourse), (…) donc là c’est une ‘intro’ qui a été fabriquée pour créer un succès immédiat”, notait aussi Virginie Lazès, directrice associée à la banque d’affaires Bryan Garnier.

“Les investisseurs veulent tous y mettre un petit ticket de 10 à 20 millions de dollars”, afin d’être présent sur le secteur, ajoutait-elle.

L’entrée en Bourse de Groupon est l’une des plus attendues dans le secteur de la high-tech américaine, en attendant celle de l’éditeur de jeux Zynga, dont la valorisation est estimée autour de 14 milliards de dollars mais qui est déjà bénéficiaire, et surtout du géant Facebook, bien plus gros, mais qui n’a pas encore déposé de dossier.

“J’ai un peu peur qu’on soit (avec Groupon) dans un effet soufflé, (…) avec une valorisation qui probablement se situera en dessous de ce cours d’introduction” à l’horizon d’un an, ajoutait Mme Lazès. Mais “peut-être qu’à l’horizon 24 ou 36 mois, le cours sera bien supérieur et ce sera le nouveau Google”.

L’opération laisse en effet les amateurs de technologies devant un dilemme: vaut-il mieux participer de l’engouement pour les valeurs technologiques en général, et pour le “concept innovant” de Groupon en particulier, que Mme Lazès décrit comme “la fusion d’internet et du commerce local”? ou plutôt s’inquiéter des chiffres que la société de trois ans a révélé dans ses documents boursiers?

Groupon, qui compte 142,9 millions d’abonnés dans 145 pays, avec près de 79.000 commerçants utilisant ses services, fonctionne avec plus de 10.400 employés. Leur rôle: mettre en contact commerçants et internautes pour offrir des promotions sur certains biens ou services, pour autant seulement qu’un nombre minimum de consommateurs y souscrivent.

Le site internet, lancé en novembre 2008 à Chicago (nord des Etats-Unis), a encore essuyé une perte nette de 308,1 millions de dollars pour les neuf premiers mois de l’année, contre 77,7 millions durant la même période de 2010.

Le site revendique aussi un chiffre d’affaires de 1,1 milliard de dollars sur les neuf premiers mois de l’année, contre 140,7 millions de dollars il y a un an.

Mais Renaissance Capital a remarqué un ralentissement de l’expansion: “le chiffre d’affaires du troisième trimestre, à 430 millions de dollars, ne représente qu’une augmentation de 10% par rapport au trimestre précédent, contre une croissance séquentielle de 33% au deuxième trimestre”, a noté la société dans une note.

Au moins l’opération d’entrée en Bourse devrait-elle fournir un ballon d’air frais à Groupon. “Ils sont dans un business model qui consomme de l’argent”, note Mme Lazès.