Le défi majeur de l’économie tunisienne est la réduction du chômage qui demeure élevé, notamment pour les diplômés de l’enseignement supérieur et dans les régions de l’intérieur. L’option stratégique pour résoudre radicalement la problématique du chômage consiste en l’accélération du rythme de croissance et le changement de son profil à travers la transformation de la structure de l’économie vers une économie sophistiquée, offrant des activités à haute valeur ajoutée et intensives en main-d’œuvre qualifiée.
Dans le cadre de cette stratégie, l’action de réforme portera sur cinq domaines d’engagement : l’innovation, la R&D, la formation et le renforcement des compétences, l’infrastructure technologique et le financement de la création et de l’innovation.
La Tunisie possède un tissu économique relativement diversifié et compétitif, mais, étant constitué à 97% de petites et moyennes entreprises, il a une capacité d’innovation et de création technologique limitée, mais en nette évolution, un grand nombre de ces entreprises ayant connu des transformations technologiques importantes et des actions d’innovation significatives.
Néanmoins, l’enjeu de la prochaine étape est d’intensifier ce processus et de lui conférer une dimension d’une autre ampleur. Dans ce cadre, l’option stratégique sera d’adopter, à ce stade, une conception large de l’innovation fondée sur l’adoption et l’adaptation technologique, en profitant de l’intégration mondiale et des possibilités d’accès aux technologies qu’elle offre aux entreprises tunisiennes. L’adoption de ce concept d’innovation adaptée permettra une montée en niveau technologique et en valeur ajoutée dans les différents secteurs et renforcera ainsi le processus de transformation structurelle de l’économie tunisienne. Il permettra surtout d’amorcer un processus qui constituera un grand défi, celui de créer en Tunisie une culture de l’innovation.
Dans ce cadre, il est proposé de lancer l’Initiative Nationale pour le Développement Industriel et Technologique qui a pour objet de mobiliser et de coordonner les actions de l’Etat et du secteur privé en vue d’accélérer le rythme de développement industriel et technologique. Elle repose sur le concept d’innovation adaptée et comporte près de 80 mesures et actions de l’Etat et du secteur privé et vise à contractualiser les engagements réciproques et garantir la réalisation du schéma de croissance ambitieux dans sa composante industrielle et technologique, en assurant la mobilisation de tous autour de programmes précis et budgétisés.
Le programme d’investissement global prévu dans le cadre de cette initiative est estimé à 10 milliards de dinars pour la période 2012-2016, dont 2,5 milliards de dinars qui seront engagés par l’Etat et les agences publiques en vue de réaliser les actions suivantes :
– Développer l’infrastructure industrielle et technologique ;
– Adapter la formation des compétences ;
– Mettre en place des mécanismes de financement dédiés aux PME et à l’innovation
– Faire la promotion économique de la Tunisie.
En s’inscrivant dans une perspective de long terme, l’option d’adoption et d’adaptation technologiques devra être accompagnée d’un effort national important dans le domaine de la R&D et d’une stratégie pour passer de la recherche à l’innovation qui permettra de déplacer les frontières technologiques au niveau national et produire des effets positifs sur l’économie et la société.
La deuxième option stratégique pour la transformation de la structure de l’économie par la science et la technologie concerne la qualité et le rendement de l’enseignement qui constituent une condition nécessaire à l’option de recherche et d’innovation.
Dans ce cadre, une Stratégie Nationale pour l’Enseignement Supérieur sera lancée. Elle vise à assurer un meilleur accès à l’enseignement supérieur, à renforcer la maîtrise des sciences, des techniques et des langues étrangères et à favoriser l’employabilité par une meilleure adéquation des compétences aux exigences d’insertion et le développement de l’esprit d’entreprenariat chez les étudiants.
Elle repose principalement sur une réforme institutionnelle qui conduira à l’autonomie des universités, à de nouvelles formes d’engagement du secteur privé et du secteur civil dans l’enseignement supérieur et à un rapprochement et de nouvelles formes de coopération entre les universités elles-mêmes et avec les entreprises. Une ouverture des universités nationales à l’international visant leur intégration dans les réseaux régionaux sera en même temps engagée.
Elle sera complétée par une action visant l’amélioration de la qualité du système d’éducation, comportant notamment le renforcement de la maîtrise des connaissances techniques et scientifiques dans l’enseignement primaire et secondaire et le développement chez les élèves des aptitudes de recherche, de création, d’innovation, de prise de risque et d’entreprenariat.
L’ensemble de ces options et actions sera décliné en stratégies régionales d’innovation et de développement technologique, qui seront adaptées aux spécificités et problématiques de développement de chaque région et qui constitueront un levier de développement et d’attractivité important pour ces régions.
L’action se poursuivra, en parallèle, pour la modernisation des secteurs traditionnels de l’économie afin d’exploiter toute les potentialités existantes et améliorer leurs rentabilité et ce, à travers la valorisation de leur avantages comparatifs et l’identification de nouvelles niches intégrant la dimension innovation et susceptibles de s’adapter à l’évolution de la demande mondiale et renforcer son positionnement sur les marchés traditionnels et la conquête de nouveaux marchés.
A cet égard, le développement du secteur des services constitue une priorité de taille dans le processus des réformes sectorielles au vu des potentialités que renferme ce secteur et susceptibles de créer de nouvelles sources de croissance durable et rendre Tunis un centre régional d’affaires. Les principales orientations portent sur la mise à niveau du secteur, la libéralisation des activités de services ainsi que le soutien des services prometteurs liés aux TIC, aux services orientées à l’entreprise, la logistique, les services financiers et l’offshoring, etc.
Un intérêt particulier sera accordé à l’agriculture de par son rôle de premier plan dans l’activité économique et le développement régional. L’action devrait être ainsi axée principalement sur la modernisation du secteur agricole, l’amélioration de sa rentabilité ainsi que le renforcement de sa compétitivité à travers l’amélioration de la qualité, la valorisation de la production et le développement des activités en amont et en aval de la production pour soutenir à la fois la production des produits de base ainsi que la diversification de la production agricole et l’introduction d’activités prometteuses (agriculture biologique, géothermie, plantes aromatiques et médicinales, aquaculture).