Un rapport de la BAD présente la finance islamique en Tunisie et au Maghreb

La Banque africaine de développement (BAD) a élaboré récemment un rapport qui vise à évaluer la situation des services bancaires islamiques en Afrique du Nord, analyser les raisons pour lesquelles ils peinent à se développer, étudier des perspectives d’avenir et la mesure dans laquelle ils pourraient contribuer au développement économique.

Le rapport a démontré qu’il existe un besoin considérable de ressources pour le financement des projets en Afrique du Nord, compte tenu du caractère peu développé de l’infrastructure dans la plupart des pays de la région. A ce jour, 24 opérations de financement islamique de projets ont été approuvées en Afrique du Nord, pour un montant total de plus de 2,4 milliards de dollars.

En ce qui concerne la Tunisie, ce sont des facteurs politiques nationaux qui freinent souvent le développement des services bancaires islamiques. Bien qu’il soit trop tôt pour évaluer l’impact que le pouvoir aura sur la finance islamique, suite au renversement du régime autocratique du président Ben Ali, la légitimation du mouvement politique islamiste en Tunisie pourrait être considérée comme une évolution favorable pour la finance islamique.

Classement des pays d’Afrique du Nord en fonction de l’actif conforme à la Charia

tab-bad-1.jpg

Le manque de soutien de l’Etat

Pour les experts de la BAD, trois facteurs expliquent le caractère relativement sous-développé des services bancaires islamiques en Afrique du Nord, à savoir le développement limité des activités bancaires de détail, la faible familiarisation des clients potentiels avec les services bancaires islamiques et le manque de soutien de l’Etat. En Tunisie, ce dernier facteur constitue, selon le rapport, le problème majeur parce qu’il n’existe pas de loi bancaire islamique complète. Les exigences relatives à l’octroi d’agréments pour les banques islamiques, notamment en ce qui concerne le capital, les ratios de liquidité et l’établissement de rapports financiers, sont identiques à celles des banques classiques. Cependant, ces dispositions ne sont pas toujours utiles pour les banques islamiques, car celles-ci sont souvent défavorisées par rapport aux banques classiques en matière d’exigences réglementaires.

Financement islamique de projets en Tunisie

La Tunisie a bénéficié d’un financement islamique important pour l’infrastructure, l’énergie et l’immobilier, enregistrant trois opérations. La majeure partie du financement a été accordée dans le cadre d’un contrat istisna’a en vertu duquel le bailleur de fonds paie les équipements, la main-d’œuvre et les fournisseurs du projet et perçoit un bénéfice sur le capital engagé plus une marge bénéficiaire déterminée à l’avance, une fois que le projet est achevé et commence à générer de recettes.

Le plus grand projet concerne le port financier dont le modèle est calqué sur celui de Bahreïn. Il est situé à Raoued, qui tiendra lieu de premier centre bancaire et financier offshore en Afrique du Nord. Cet ambitieux projet vise à créer 16.000 emplois et à accueillir une population permanente de 110.000 habitants.

Financement islamique de projets en Tunisie

tab-bad-2.jpg

Pour finir, le rapport a mentionné qu’il existe beaucoup de place pour les services bancaires et la finance islamique en Afrique du Nord. Ceux-ci pourraient potentiellement contribuer un mode de développement plus inclusif qui assure la cohésion sociale en favorisant le partage équitable des risques et des bénéfices entre les fournisseurs et utilisateurs des ressources.