Après avoir tourné la page de son projet de partenariat avec Samir Marzougui, l’Institut Pasteur de Tunis (IPT) en prépare d’autres.
WMC: Après avoir annulé votre premier projet de partenariat avec un partenaire privé, qu’allez-vous faire à l’avenir?
Hechmi Louzir: Je sais que ce type de partenariat public-privé se fait beaucoup plus dans des systèmes ouverts où il y a une certaine liberté et ouverture économique. Très bientôt, avec les prochaines élections, nous serions fixés sur la couleur politique du nouveau gouvernement. Dans un système politique allant plutôt dans le sens du nationalisme en vue de garder certaines activités clefs dans le secteur public, l’IPT, dans ce cas, va continuer dans la production, peut-être avec un renforcement ou une nouvelle stratégie.
Maintenant, si la politique économique du prochain gouvernement allait dans le sens de l’ouverture et du partenariat, ce que je considère comme bon, notamment pour les biotechnologies, l’étude de faisabilité qu’on a réalisée serait toujours valable.
Personnellement, je reste convaincu que la promotion de ce type d’activité et son développement ne peut se faire que dans le cadre d’un partenariat entre une structure académique publique faisant de l’innovation et le privé qui pourra faire une partie du développement mais surtout les applications industrielles. C’est le privé qui a les moyens de faire du marketing, de la publicité, de donner de la visibilité à la société, d’agir au niveau international. Nous avons besoin de compétences qui n’existent pas dans la fonction publique.
Jusque-là nous nous sommes limités à satisfaire les besoins de la Tunisie; nous avons très peu exporté. Quand nous avons réalisé l’étude de faisabilité, nous avons constaté l’existence d’un marché international que nous avons peu exploré.
Vous êtes en train de travailler sur de nouveaux projets de partenariat. De quoi s’agit-il?
Comme je vous l’ai déjà dit, quand l’Institut Pasteur de Tunis a été identifié comme structure porteuse du projet de la technopole de Sidi Thabet, nous avons bénéficié d’un soutien de la Banque européenne d’investissement (BEI) qui avait mis à la disposition de la Tunisie une ligne de crédit et un budget dédiés, respectivement à la promotion des technopoles et à la réalisation d’études pour identifier des projets innovants en vue d’alimenter ces dernières. Cette opportunité nous a permis de disposer d’experts en valorisation qui nous ont accompagnés pour valoriser nos projets innovants ayant un potentiel d’applications industrielles. Cette démarche a permis de formuler une quinzaine de projets qui ne sont pas au même stade de développement. Certains sont assez avancés et peuvent accéder au marché assez rapidement; d’autres sont encore au stade de brevet d’invention. Mais la majorité de ces projets est soutenue par des publications scientifiques dans des revues indexées et/ou par des brevets d’invention à protection internationale.
Nous avons ensuite communiqué un peu autour de cette démarche et des projets en question. Depuis, nous avons été sollicités par des firmes industrielles tunisiennes et internationales. Parmi lesquelles l’Institut Mérieux dont le président nous a exprimé son souhait de venir en Tunisie pour étudier les opportunités de partenariat avec nous. Il s’est déplacé à deux reprises, dont la dernière remonte au 19 septembre dernier.
Après signatures des contrats de confidentialités, nous avons avancé sur un projet de production de vaccin antirabique par une technologie initialement développée à l’IPT. Comme nous voulons que les projets restent en Tunisie, nous avons associé à ces discussions des industriels tunisiens intéressés par les biotechnologies. Nous nous acheminons probablement vers la création d’une entité à majorité tunisienne dans laquelle l’Institut Pasteur de Tunis participerait par l’innovation. Les industriels tunisiens ont manifesté de l’intérêt pour ce projet.
La technologie initiale de ce projet Rage a été développée chez nous il y a près de sept ans. Elle est restée tout ce temps dans les tiroirs parce qu’il y avait un «gap» entre le chercheur qui développe dans son laboratoire et l’industriel qui peut avoir une idée sur la manière de commercialiser et ce que cela peut rapporter. Cette technologie développée à l’IPT nécessite ce qu’on appelle dans le jargon un «scale-up», c’est-à-dire un travail supplémentaire de développement, qu’on ne peut pas faire en Tunisie. Pourquoi? Parce que cela nécessite un centre de bio-production dont nous ne disposons malheureusement pas encore mais sur lequel il y a une réflexion; et j’espère qu’on va bientôt avancer dans ce sens. Ce développement supplémentaire pourrait être fait chez le partenaire stratégique.
Le centre de bio-production serait installé chez vous?
Non, il va relever des prérogatives de la technopole de Sidi Thabet. C’est un projet assez avancé.
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