La Tunisie a fait de gros progrès dans le domaine de l’éducation grâce à un effort national exceptionnel appuyé notamment par des investissements publics continus. En allouant 7% du PIB à l’éducation, la Tunisie a le niveau des dépenses en éducation le plus élevé dans la région et qui est supérieur à la moyenne des pays de l’OCDE et à celle des pays à revenu intermédiaire.
Le prochain défi est d’améliorer la qualité et la performance des systèmes d’éducation et de formation à tous les niveaux et en assurer la pertinence.
Au niveau de l’éducation, la stratégie proposée se fixe deux grands objectifs : i) améliorer la durée moyenne de scolarisation en réduisant les taux d’abandon dans le primaire et les cycles préparatoire et secondaire, et ii) augmenter le nombre des élèves dans les filières scientifiques et techniques de l’enseignement secondaire.
Pour la réalisation de ces objectifs, une action en faveur des élèves en difficulté sera engagée en vue de diversifier l’accès à l’excellence et réduire les écarts de performance dus à l’environnement familial et social. Elle comportera notamment un appui scolaire aux élèves qui risquent l’échec dans les langues et les sciences et un traitement spécifique en faveur des régions qui enregistrent des taux de redoublement et d’abandon supérieurs à la moyenne nationale et/ou des résultats dans les filières scientifiques et techniques inférieurs au niveau moyen national.
En outre, dans le but de renforcer l’encadrement pédagogique, le mode de formation et de recrutement des enseignants sera fondamentalement révisé avec l’adoption d’un système de formation offrant des formations spécifiquement destinées aux futurs enseignants avec une titularisation garantie à la sortie. Ces formations seront du niveau de la licence pour les enseignants du primaire et du master pour les enseignants du collège et du secondaire….
Des actions destinées à améliorer la qualité de l’enseignement seront également engagées qui visent à renforcer l’enseignement des langues et des activités culturelles, artistiques et sportives, développer les méthodes d’enseignement et d’évaluation en favorisant l’apport et la créativité chez l’élève, intégrer les TIC, réduire la taille des classes, aménager l’horaire d’enseignement…
Ces actions visent également à renforcer la maîtrise des connaissances techniques et scientifiques dans l’enseignement primaire et secondaire et à développer chez les élèves des aptitudes et des goûts pour la création, la prise de risque et l’entreprenariat.
Au niveau de la formation professionnelle, l’action de développement du secteur se fixe un double objectif: augmenter la capacité de système formation professionnelle de 50% et en améliorer la qualité et la pertinence à travers la création de pôles d’excellence régionaux décentralisés, la consolidation du partenariat entre le système de formation et l’entreprise, le renforcement de la formation en alternance et la formation tout au long de la vie et la réforme des mécanismes de financement de la formation professionnelle.
Elle portera l’accent particulièrement sur l’employabilité des jeunes en fonction des besoins du marché national que ceux des marchés internationaux.
Enfin, avec près de 400 mille étudiants et une moyenne de 70 mille diplômés par an d’ici 2016, l’enseignement supérieur est confronté à des défis majeurs en rapport avec la qualité du système, sa pertinence et son impact sur l’économie et la société… Une stratégie nationale pour l’enseignement supérieur sera lancée, axée sur l’excellence, la qualité et l’employabilité. Elle devra conduire à un meilleur accès à un plus grand nombre de jeunes tunisiens à l’enseignement sur la base de l’équité et de l’égalité des chances entre individus et entre régions.
L’autonomie de l’université sera au centre de la réforme qu’engagera cette stratégie afin d’accroître la performance du système, augmenter son impact sur l’environnement socio-économique et rendre les universités des acteurs essentiels du développement et de l’attractivité des régions. Cette action sera accompagnée d’un effort d’aide, d’encadrement et d’assistance technique en faveur des jeunes universités dans les régions de l’intérieur afin de leur garantir un niveau de qualité et de visibilité approprié dans le cadre d’un réseau national piloté par l’autorité centrale.
Le mode de gestion et de fonctionnement des établissements universitaires, ainsi que celui du recrutement des enseignants et de l’accès des élèves à l’enseignement supérieur seront par conséquent modifiés en s’alignant sur les meilleures pratiques internationales tout en tenant compte des spécificités nationales liées aux choix sociaux et au niveau de développement. Dans ce contexte, l’accent portera sur le développement des capacités institutionnelles de suivi, de pilotage et de gouvernance de l’ensemble du système et des institutions s’y rapportant, ainsi que la revalorisation de la carrière des enseignants-chercheurs.
Les universités seront encouragées à concevoir et mettre en oeuvre des cursus de formation axés sur l’employabilité avec une intégration plus forte des sciences et des technologies et l’adoption d’un plus grand nombre de licences et masters certifiés et/ou co-construits avec le monde professionnel. Elles seront également encouragées à s’ouvrir sur l’international à travers des programmes de jumelage, de codiplomation et d’échanges de professeurs et de jeunes chercheurs avec les universités étrangères.
Par ailleurs, un programme spécial pour le renforcement et la mise à niveau de l’immobilier et des équipements des établissements d’enseignement sera engagé. Comme il a été aux Sections 2 et 3, il comprend notamment la création d’un pôle universitaire dans chaque gouvernorat et six pôles d’excellence d’enseignement supérieur répartis à raison d’un pôle dans chaque grande région.
L’enseignement supérieur public étant un droit pour tous les Tunisiens ayant les qualifications d’y accéder, il restera gratuit. Les aides en faveur des étudiants seront modulées en fonction du mérite de l’étudiant et de sa situation sociale. Le secteur civil sera néanmoins encouragé à investir dans l’enseignement supérieur à travers des fondations ou des structures à but non lucratif, moyennant des aides financières et fiscales de l’Etat et des collectivités.
Par ailleurs, l’ouverture l’économie tunisienne sur l’extérieur exigera le recours aux compétences, qualifications et spécialités poussées disponibles aussi bien au niveau national qu’à l’échelle internationale. L’attrait de ces compétences nécessite au préalable la mise en place d’un cadre juridique et institutionnel favorable et d’un dispositif qui soit en mesure, non seulement de former les hautes compétences, mais également de les retenir, de les motiver et de réunir les conditions propices pour leur adhésion et leur participation à la réalisation des objectifs nationaux.
Dans ce même registre, les programmes de partenariat seront diversifiés et intensifiés et les actions de normalisation et de conformité avec les standards internationaux dans les domaines de la formation et de la recherche seront encouragées et consolidés.
Aussi, une attention particulière sera accordée aux compétences tunisiennes résidant à l’étranger notamment à travers l’encadrement et la canalisation de leur participation à l’entreprise nationale du développement sous toutes ses formes directes ou indirectes, ponctuelles ou permanentes.
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