Vaste piratage de données UMP : l’acte revendiqué avec un “oeil pour oeil, dent pour dent” vengeur

[09/11/2011 20:56:54] PARIS (AFP) Des élus UMP, dont des députés et sénateurs, ont été victimes d’un piratage de données personnelles revendiqué par ses auteurs avec la formule “oeil pour oeil, dent pour dent” et une diatribe contre les atteintes aux libertés individuelles portées selon eux par la majorité.

Ce sont au total près d’un millier de “cadres de l’UMP” qui seraient concernés par cette fuite, selon le site Rue89, qui a révélé mardi matin l’information.

Le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Christian Jacob, dont le numéro personnel et l’adresse se sont trouvés “sur des forums de sites internet”, a annoncé le dépôt d’une plainte contre X pour violation du secret des correspondances et vol de données informatiques.

Le chef de file des députés du parti présidentiel a également révélé mercredi lors d’une réunion à huis clos du bureau politique que les auteurs du piratage avaient revendiqué leur action dans un message conclu par la formule “oeil pour oeil, dent pour dent”.

“A tous les gardés à vue, aux banlieues karchérisées, aux manifestants battus, aux journalistes espionnés, aux demandeurs d’asile ignorés et matraqués, aux Roms stigmatisés, à toutes les victimes de l’UMP… nous vous livrons leurs coordonnées. Oeil pour oeil, dent pour dent”, lancent-ils dans ce message.

“C’est extrêmement grave”, a jugé le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, lui-même la cible, selon lui, “de centaines et centaines de messages d’injures, d’insultes à caractère très diversifié”.

“Cela pose vraiment le problème de la protection des données individuelles”, a déclaré M. Copé, qui a changé mercredi de numéro de portable. Un certain nombre de députés UMP, comme Christian Estrosi, envisagent de faire de même.

“dérive de l’internet”

“On ne sait pas d’où ça vient”, “les données piratées ne sont pas les données du parti”, a dit M. Copé. “Est-ce que c’est le groupe à l’Assemblée nationale, l’Assemblée nationale ? Je n’ai pas d’autres éléments”.

Dans la soirée, le président de l’Assemblée Bernard Accoyer a écarté “formellement” que les renseignements personnels sur des députés de l’UMP piratés “puissent provenir de bases de données” du Palais-Bourbon.

Le piratage, qui remonte selon une source proche du groupe UMP à “une dizaine de jours”, a abouti à la mise en ligne de numéros de téléphone fixe et portable d’élus UMP (députés, sénateurs, députés européens) et de collaborateurs, des données concernant leurs suppléants, ainsi que leur nombre d’enfants et leur année de naissance.

Ces fichiers, selon des exemplaires que l’AFP a pu consulter, comportent également des renseignements sur la formation universitaire suivie par les intéressés ou les langues étrangères qu’ils pratiquent.

Selon une source proche de l’UMP, l’enquête pourrait s’avérer délicate, les pirates passant le plus souvent par des serveurs à l’étranger dans ce type d’affaires.

“Il ne faut pas dramatiser mais il ne faut pas laisser passer”, a déclaré Marc-Philippe Daubresse, secrétaire général adjoint du parti.

Le député UMP Eric Ciotti a aussi reçu plusieurs appels mardi soir: “une personne m’a d’abord appelé pour signaler que mon numéro était sur internet, une deuxième pour me dire +il y en a marre de la sécurité+ et quelques appels anonymes”, a-t-il rapporté à l’AFP.

“Cela pourait être anecdotique mais cela traduit une dérive de l’internet, un espace de liberté qui ne doit pas devenir un espace de non-droit”, a mis en garde M. Ciotti, dont le site internet avait déjà été piraté en septembre.