Italie : Berlusconi se dirige vers la sortie après l’adoption de mesures cruciales

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à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

[12/11/2011 11:20:40] ROME (AFP) Silvio Berlusconi passe samedi sa dernière journée à la tête du gouvernement, sa démission effective étant attendue aussitôt après l’adoption au parlement de mesures cruciales pour rassurer les marchés et ses partenaires internationaux.

A 75 ans, le magnat des médias, qui après avoir profondément marqué la vie politique italienne des 17 dernières années est accusé d’avoir miné la crédibilité de son pays, devrait selon toute probabilité céder la place à l’ex-commissaire européen Mario Monti, 68 ans.

La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a salué samedi les “progrès significatifs” politiques en Italie, comme d’ailleurs en Grèce où un gouvernement a été formé.

“Ce que nous souhaitions au Fonds monétaire international, c’est une stabilité politique et une clarté politique dans ces deux pays”, a expliqué Mme Lagarde, devant des journalistes à Tokyo. “Je crois que des progrès significatifs ont été réalisés”, a-t-elle souligné.

Mme Lagarde a déjà quasiment adoubé M. Monti: “J’ai beaucoup d’estime et beaucoup de respect pour lui. Je pense que c’est un homme de grande qualité avec lequel j’ai toujours eu un dialogue à la fois fructueux et extrêmement chaleureux”, a-t-elle dit.

Signe révélateur, le nouveau président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a rendu visite samedi à son compatriote Mario Monti à son domicile romain.

Menacée d’une asphyxie qui entraînerait dans l’abîme l’ensemble de la zone euro, l’Italie a déjà commencé à rassurer les investisseurs vendredi avec l’adoption au Sénat d’un plan anticrise promis à l’UE.

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Portrait du Premier ministre italien Silvio Berlusconi (Photo : AFP)

La Bourse de Milan a gagné 3,68% vendredi et les taux obligataires italiens se sont repliés à environ 6,5%, sous le seuil psychologique des 7% qu’ils avaient largement dépassés au pic de la crise de confiance dans l’Italie.

Selon des opérateurs financiers, M. Monti “vaut 100 à 150 points de spread”, l’écart entre les taux des emprunts d’Etat italiens et allemands.

Samedi, les députés doivent adopter à leur tour les mesures promises. Un conseil des ministres est prévu dans la foulée, vers 17H00 GMT.

M. Berlusconi doit se rendre ensuite au Quirinal, siège de la présidence de la République, pour remettre son mandat.

La main revient alors au chef de l’Etat, Giorgio Napolitano.

Après des consultations avec les formations politiques -que lui impose la Constitution, mais qu’il devrait mener au pas de charge-, il devrait nommer président du Conseil Mario Monti, en vue de la formation d’un gouvernement qui bénéficie du plus large soutien possible, y compris l’actuelle opposition de gauche et les centristes.

Mais la tâche est très ardue. L’actuelle majorité se déchire sur la position à adopter vis-à-vis d’un gouvernement “technique” ou “technico-politique”.

M. Berlusconi, d’abord favorable à la tenue d’élections anticipées, a finalement apporté son soutien à M. Monti. Certaines de ses troupes se sont ralliées à cet avis, comme le ministre des Affaires étrangères Franco Frattini, mais d’autres y sont radicalement opposées.

“Pour tout l’or du monde, je ne ferai jamais partie d’un exécutif avec des représentants de gauche”, s’est énervé le ministre de la Défense, Ignazio La Russa, ex-néo-fasciste.

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éen Mario Monti le 11 novembre 2011 au Sénat italien à Rome (Photo : Andreas Solaro)

Le parti populiste de la Ligue du Nord a déjà fait savoir lui aussi qu’il passerait aussitôt à l’opposition, clamant “non à la trahison du vote populaire” dans son journal La Padania.

L’opposition de gauche et centriste a en revanche apporté son soutien à un “gouvernement d’urgence et de transition”, même si quelques voix discordantes se font entendre aussi dans ce camp.

A l’exception notable du principal syndicat du pays, la CGIL, organisations syndicales et patronales ont aussi lancé un appel à la formation d’un gouvernement d’urgence, la patronne des patrons Emma Marcegaglia jugeant que M. Monti est “l’homme de la situation”.

En attendant, dans la rue, certains sont pressés de voir partir le Cavaliere. “C’est le pire gouvernement depuis Mussolini. Le plus mauvais, le plus malhonnête et le plus honteux”, tranche Ariana Sellerio, retraitée à Rome.