à Francfort le 14 novembre 2011 (Photo : Frank Rumpenhorst) |
[14/11/2011 18:32:25] FRANCFORT (AFP) Le patron de Deutsche Bank, Josef Ackermann, a annoncé lundi qu’il renonçait à briguer la direction du conseil de surveillance du groupe à cause de la crise de la dette, alors que filtrait dans le même temps la nouvelle d’une enquête ouverte contre lui pour faux témoignage.
“Les conditions extrêmement exigeantes sur les marchés financiers internationaux et dans l’environnement politique et réglementaire exigent mon attention complète en tant que président du directoire de la banque”, a expliqué M. Ackermann dans un communiqué.
Il n’a ainsi pas le temps de mener les entretiens en tête-à-tête avec les actionnaires de la banque, nécessaires pour sa candidature à la présidence du conseil de surveillance, a-t-il encore avancé.
Il est vrai que le Suisse âgé de 63 ans, qui pilote aussi l’Institut de la finance internationale (IIF), puissant groupe de pression représentant plus de 400 banques dans le monde, est très sollicité depuis plusieurs mois par les responsables politiques européens dans leurs tentatives de régler la crise de la dette publique en zone euro.
Mais l’annonce surprise du retrait de sa candidature survient alors que le parquet de Munich (sud) a ouvert une enquête contre contre lui et trois autres dirigeants actuels et anciens de la banque en raison de soupçons de faux témoignage lors d’un procès, selon une source proche de la défense de la banque.
à Francfort le 14 novembre 2011 (Photo : Frank Rumpenhorst) |
Les bureaux de M. Ackermann et de l’actuel président du conseil de surveillance de Deutsche Bank, Clemens Börsig, ont fait l’objet de perquisitions la semaine dernière, a confié lundi à l’AFP une autre source proche du dossier.
Le domicile de Rolf Breuer, ancien patron puis président du conseil de surveillance de la banque, a également été fouillé. L’enquête concerne aussi Tessen von Heydebreck, un ancien membre du directoire de la banque.
La première banque allemande a réagi lundi en estimant que les procédés du parquet de Munich étaient “inappropriés” et en se disant “convaincue” que les reproches allaient se révéler “infondés”.
M. Ackermann, M. Börsig et les deux autres anciens dirigeants sont soupçonnés de ne pas avoir dit toute la vérité quand ils avaient été entendus il y a quelques mois par les juges dans le cadre du procès marathon qui oppose leur banque à l’ancien empire des médias de Leo Kirch.
Le milliardaire déchu, décédé en juillet à l’âge de 84 ans, n’a eu de cesse de poursuivre Deutsche Bank et en particulier M. Breuer, qu’il accusait d’être responsable de la faillite retentissante de son empire en 2002 en raison de déclarations publiques qui avaient mis en doute sa solvabilité.
Il avait pris des dispositions pour que son combat judiciaire se poursuive après son décès. Il est question de plusieurs milliards d’euros de dommages et intérêts, même si ses proches confiaient que c’était avant tout pour lui une question d’honneur.
C’est un coup dur pour Deutsche Bank, qui en proposant M. Ackermann à la présidence du conseil de surveillance en mai 2012, à la fin de son mandat de président du directoire, voulait continuer de profiter de son expérience et de sa réputation en des temps incertains.
M. Ackermann, emblématique patron de Deutsche Bank depuis 2002, doit laisser la place l’année prochaine à une direction bicéphale composée de l’Anglo-Indien Anshu Jain et de l’Allemand Jürgen Fitschen.
Deutsche Bank a proposé lundi un nouveau candidat, Paul Achleitner, actuellement membre du directoire de l’assureur allemand Allianz, pour prendre la tête de son conseil de surveillance.
Interrogé sur le renoncement de M. Ackermann par le quotidien Handelsblatt à paraître mardi, le ministre des Finances Wolfgang Schäuble a réagi par un laconique: “Il n’est pas prévu en principe qu’un président de conseil d’administration passe directement au poste de président du conseil de surveillance”.