ésidente du FMI Christine Lagarde, et le vice-Premier ministre chinois Wang Qishan, à Pékin le 9 novembre 2011 (Photo : –) |
[15/11/2011 06:50:32] PEKIN (AFP) Le système financier de la Chine est exposé aux mauvaises créances, au boom du crédit non régulé et à la chute des prix de l’immobilier, a mis en garde mardi le Fonds monétaire international, tout en appelant à des réformes de grande ampleur.
Dans son premier rapport consacré à l’évaluation du système financier de la deuxième économie mondiale, le FMI juge que l’interférence “importante” du gouvernement dans l’activité des banques nuit à la mise en oeuvre de mécanismes de marché et à la bonne gouvernance.
La très rapide croissance des prêts depuis la crise financière mondiale de 2008 a provoqué un endettement massif de nombreuses sociétés et des gouvernements locaux, qui pourraient devenir insolvables si la croissance continue à ralentir et les prix de l’immobilier à baisser, estime le Fonds.
Tandis que le secteur financier reste pour l’instant “robuste dans son ensemble”, une mauvaise allocation des prêts et d’autres faiblesses doivent être corrigées, selon Jonathan Fiechter, directeur adjoint du département Marchés des capitaux et monétaires du FMI.
“Limiter l’expansion du crédit est un outil peu sophistiqué qui peut gonfler les prêts du secteur informel”, a déclaré M. Fiechter lors d’une audio-conférence en commentant le rapport.
Ces prêts accordés par des entreprises et des particuliers à des taux souvent usuraires sont souvent la seule source de financement des PME, les banques étatiques prêtant en priorité aux grosses entreprises, elles aussi souvent publiques.
“Alors que la structure existante permet une épargne et des niveaux de liquidités élevés, elle crée aussi le risque d’une mauvaise allocation du capital et d’une formation de bulles”, particulièrement dans le secteur immobilier, selon M. Fiechter, qui a dirigé l’équipe en charge du Programme d’évaluation du secteur financier chinois.
La Chine est l’un des 25 “pays d’importance systémique”, qui a donné son accord pour des évaluations obligatoires au moins une fois tous les cinq ans, souligne le FMI, qui publie une liste de 29 recommandations sur la manière dont le pays peut améliorer son système financier.
à Pékin, le 12 novembre 2011 (Photo : Peter Parks) |
Le FMI appelle notamment les autorités chinoises à permettre aux banques de prêter sur des critères commerciaux plutôt que politiques, et à utiliser des outils de marché, comme les taux d’intérêt, pour réguler le volume des prêts plutôt que des mesures administratives.
Le Fonds appelle aussi le gouvernement à relâcher son contrôle en matières de changes et à donner plus d’autonomie à la banque centrale et à d’autres instances de contrôle afin de “rendre le système plus cohérent avec les usages internationaux”.
“Un plan (de réformes) bien agencé et bien mis en oeuvre… sera une contribution importante à la croissance de la Chine”, assure le FMI. M. Fiechter a toutefois souligné que Pékin “n’a pas l’obligation” de suivre les recommandations du Fonds.
En dépit de la vulnérabilité du système financier, l’institution basée à Washington est plutôt rassurée par les “stress tests” des 17 plus grandes banques chinoises, qui ont établi que la plupart d’entre elles pourraient résister à des “chocs isolés”.
Mais si plusieurs éléments comme une chute des prix de l’immobilier, des modifications de taux de change et un ralentissement brutal de la croissance venaient à se conjuguer, le secteur financier chinois pourrait être “gravement” atteint, juge le FMI.
Le Fonds a enfin estimé qu’une évaluation complète des risques était difficile à faire en Chine à cause de “données incomplètes”, d’informations limitées et de restrictions sur l’accès à des chiffres confidentiels.