Les pays d’Afrique du Nord et Moyen-Orient, importateurs de pétrole notamment, courent un réel danger, avertit le Fonds monétaire international dans un rapport publié récemment. Leurs Produits intérieurs bruts (PIB) sont minés par une forte économie informelle.
Pour le FMI, le secteur informel se définit comme étant «la part de l’activité économique qui n’est pas prise en compte dans les calculs du PIB. Ainsi l’économie souterraine n’est pas soumise aux taxes ni déclarée auprès des institutions», précise le rapport du FMI cité par le site econostrum.info.
Ainsi, les pays de la région dont le PIB (en 2008) recèle une importante part de l’économie informelle sont la Jordanie où elle avoisine les 26%, le Liban (30%), la Tunisie et l’Égypte, (environ 34%), la Syrie et le Maroc (44%), contre 23% pour le Portugal et l’Espagne (pays d’Europe du Sud les plus touchés par le phénomène), indique la même source.
Selon le FMI, l’importance de l’économie informelle est due à quatre facteurs principaux. En effet, «la faiblesse des institutions étatiques, la rigidité des régulations sur le marché des biens et le “fardeau fiscal excessif”» expliqueraient en moyenne près de 24% de la taille globale du secteur informel dans les pays du MENA, alors les rigidités du marché du travail y contribueraient pour près de 28%».
Dans le détail, voici donc les quatre causes principales de l’économie informelle en Afrique du Nord et au Moyen-Orient selon le Fonds monétaire international. Ainsi, en matière de rigidité du marché du travail, le Liban et l’Egypte en sont le champion et où elle constituerait un fardeau de 37% de l’économie informelle du pays. Ils sont suivis par le Maroc et la Syrie (29%), la Jordanie (20%) et la Tunisie (15%). Ce sont les “procédures d’entrée sur le marché du travail longues et fastidieuses, aux règlements rigoureux de travail, aux coûts élevés de la main d’oeuvre” qui seraient la base de cette rigidité. Du coup, les ouvriers et les entreprises adoptent la solution de contourner «contourner les formalités d’un contrat de travail».
Le deuxième facteur qui explique l’économie informelle, c’est la faiblesse des institutions et de la gouvernance (faible quantité de services, de règlements peu exécutés et une trop grande corruption) pour 32% au Liban, contre 29% en Égypte, 27% en Jordanie et 22% en Tunisie et en Syrie, et 17% au Maroc, souligne le rapport.
Le FMI pointe du doigt, également, la rigidité des régulations sur le marché des biens, quireprésenterait jusqu’à 32% de la taille de l’économie souterraine en Syrie et 27% en Tunisie.
Enfin, les taxes seraient à l’origine de l’importance de l’économie informelle, particulièrement en Tunisie et au Maroc, àhauteur de 37%. «Ces deux pays ont en effet un haut taux d’imposition sur les sociétés (30% d’imposition alors que la moyenne des pays en voie de développement serait de 20%)», souligne le FMI. D’ailleurs, selon une enquête menée au Maroc révèle que «50% des firmes marocaines identifient la forte imposition comme la principale raison de ne pas enregistrer leurs activités».Quand est-il de l’ampleur du phénomène en Tunisie ?
Recommandations du FMI
Les experts du Fonds monétaire international estiment dans leur rapport que, pour atténuer le phénomène de l’économie informelle dans les pays MENA, il est indispensable de “réduire le fardeau fiscal et détendre les rigidités du marché du travail”.
Ils soulignent que «les décideurs doivent améliorer l’environnement d’affaires, détendre les rigidités du marché du travail, réduire le fardeau fiscal, fournir aux employés informels la possibilité de remettre à jour leurs compétences et créer un environnement qui favorise l’emploi pour les employés comme pour les entreprises».
Le rapport du FMI indique également la nécessité pour les gouvernements de «se concentrer sur l’amélioration du cadre réglementaire du marché du travail, entre autres, par la simplification des règlements d’entrée sur le marché et la réduction des coûts de conformité et créer un environnement qui favorise une exécution plus juste des règlements». Sans pour autant oublier de «renforcer les programmes de formation existants en ciblant particulièrement les chômeurs plus vulnérables en société, mais aussi les employés en situation informelle parfois plus mal lotis que certains chômeurs».