à Athènes le 14 novembre 2011 (Photo : Louisa Gouliamaki) |
[16/11/2011 12:35:04] ATHENES (AFP) Le gouvernement grec, qui entame mercredi les négociations avec les banques du monde entier pour effacer une partie de sa dette, s’attend à recevoir le vote du confiance du parlement dans l’après-midi, première étape de sa lourde tâche pour sortir le pays de l’ornière.
Le vote de confiance au Premier ministre grec Lucas Papademos, ancien vice-président de la Banque centrale européenne (BCE), ne devrait être qu’une formalité compte-tenu de la confortable majorité dont bénéficie la nouvelle équipe investie vendredi.
La coalition formée vendredi dernier autour du parti socialiste (Pasok) de l’ancien Premier ministre Georges Papandréou, comportant le parti conservateur (Nouvelle Démocratie) et l’extrême droite (Laos) peut en théorie compter sur le soutien de 254 des 300 députés.
Lundi, pour son premier discours devant le Parlement, Lucas Papademos avait lancé un appel à l’unité, assurant que si la Grèce “peut être sauvée”, lui ne pourrait “y arriver seul”.
Le vote de confiance, organisé au terme de trois jours de débat, est attendu entre 13H00 et 15H00 GMT.
La journée de Lucas Papademos sera alors loin d’être terminée. A 18H00 GMT, il doit rencontrer le chef de l’association mondiale des banques, Charles Dallara pour entamer officiellement les négociations sur le délicat programme d’effacement de dette grecque.
Signe de l’urgence de la situation, le dirigeant de l’Institut de la finance internationale (IIF) a spécialement fait le déplacement dans la capitale grecque pour rencontrer au plus vite les dirigeants du pays, retenus à Athènes par le scrutin parlementaire.
M. Dallara doit également s’entretenir avec le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos, qui avait qualifié vendredi “d’urgent le lancement, officiel et public” de la procédure d’effacement partiel de la dette grecque
Au total, le programme d’échange d’obligations comportant une perte de 50% pour les créanciers privés du pays doit permettre de réduire la dette publique du pays à 120% du PIB du pays en 2020 contre plus de 160% actuellement.
à Tokyo |
Depuis mardi, les options sur la table ont fait l’objet de fuites dans la presse. M. Dallara doit poursuivre son périple à Francfort, où il doit rencontrer des dirigeants du secteur financier qui possèdent des titres d’Etat grecs.
Mais avant même le début des discussions, la zone euro a remis la pression sur la Grèce réclamant de nouveau, mercredi, que ses dirigeants s’engagent par écrit à respecter les modalités du dernier plan de sauvetage du pays voté dans la nuit du 26 au 27 octobre à Bruxelles.
Or le parti conservateur rechigne à toute promesse écrite. Prenant le relais de leur leader Antonis Samaras, qui avait déjà exprimé son opposition la semaine dernière, plusieurs députés de droite ont manifesté mardi leur refus de céder aux “diktats de Bruxelles”. Ce qui leur vaut d’être brocardés mercredi par le quotidien à grand tirage Ta Nea, publiant un fac simile de la signature de M. Samaras assortie du commentaire “la signature qui vaut huit milliards”.
En effet, pour les créanciers, cet engagement écrit est la condition sine qua non au déblocage de huit milliard d’euros dont dépend la survie de la Grèce à court terme. Cette somme fait partie d’un premier prêt décidé au printemps 2010.
Le ministre grec des Finances espérait la semaine dernière que la zone euro puisse débloquer dès jeudi cette somme nécessaire pour éviter une faillite du pays d’ici mi-décembre.
Le Premier ministre rencontrera les responsables de la Commission lundi à Bruxelles.
“Nous nous aidons nous-mêmes et nous aidons l’eurozone si nous faisons tout ce que nous devons faire (…) pour que la Grèce reste membre de l’eurozone”, a exhorté M. Vénizelos mardi devant le parlement.
Dans cette perspective, il déposera dès vendredi au parlement le projet de budget 2012 du pays, garant de l’engagement de la Grèce à respecter les règles d’assainissement imposée par ses créanciers et déclinant les nombreuses mesures d’austérité déjà votées, comme la mise en chômage technique de milliers d’employés du secteur public.
La dénonciation de ces sacrifices devrait figurer en bonne place dans les manifestations de gauche organisée jeudi pour commémorer la répression, le 17 novembre 1973, de la révolte estudiantine contre la junte des colonels.
L’opposition parlementaire de gauche, le parti communiste (KKE) et la gauche radicale (Syriza), qui ont refusé de se joindre à la coalition gouvernementale, devraient fournir des troupes dans la rue aux côtés des contingents traditionnels d’étudiants, face à plus de 7.000 policiers déployés dans les rues d’Athènes.