En France, la fibre optique peine à décoller et les maires s’impatientent

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Un brin de fibre optique dans un appartement parisien (Photo : Bertrand Langlois)

[16/11/2011 16:50:56] MONTPELLIER (AFP) Avec seulement 550.000 ménages connectés, la France peine à prendre le tournant de la fibre optique, ont relevé mercredi les experts réunis au congrès annuel de l’Idate, sur fond de contestation grandissante des élus locaux inquiets pour leurs territoires.

“On n’a pas à rougir au niveau international en termes de couverture. Par contre, même s’il est en progression, le taux pénétration de la population française est de 10%, ce qui n’est pas encore formidable”, résume à l’AFP Roland Montagne, expert à l’Institut de l’audiovisuel et des télécoms en Europe (Idate).

Au 30 juin, la France recensait 5,8 millions de foyers raccordables à la fibre, un chiffre en progression de 9% sur un an.

Mais seulement 556.000 ménages ont souscrit un abonnement au très haut débit via la fibre, soit un taux de pénétration (ratio abonnés/foyers raccordables) d’environ 10%, alors que la moyenne pour l’Europe des 35 est de 18%, et que les Etats-Unis et le Japon affichent respectivement 35% et 40%.

“En France, on a un réseau de cuivre (par lequel transite l’ADSL) de bonne qualité et les gens, satisfaits, ne voient pas toujours l’utilité de migrer vers la fibre. La balle est dans le camp des opérateurs pour promouvoir cette technologie et développer des services attrayants”, souligne M. Montagne.

“Les ventes ne décollent pas parce que le opérateurs ne font pas de publicité pour la fibre, notamment car ils bénéficient encore beaucoup des revenus issus du réseau cuivre”, déplore Jean-Michel Soulier, président de Covage, société qui construit et exploite des réseaux fibre.

Covage fait partie des six entreprises retenues par le gouvernement pour tester le déploiement de la fibre sur le territoire.

“Les opérateurs ne jouent pas le jeu et c’est le gros problème d’aujourd’hui : beaucoup de maires ont investi dans une infrastructure fibre mais sont désespérés car les opérateurs ne viennent pas l’exploiter, arguant qu’il n’y a pas beaucoup de clients potentiels”, selon lui.

La semaine dernière, les associations des Maires des grandes villes et des Communautés urbaines de France ont fait part de leur “préoccupation concernant les retards pris par la couverture”, notamment pour leurs zones de faible densité – pavillons, petits immeubles – qui peuvent représenter plus de la moitié de leur territoire.

“En effet aujourd’hui, les foyers raccordables à la fibre se situent quasi exclusivement en ville”, souligne Roland Montagne.

L’Association des maires ruraux de France (AMRF) a elle aussi demandé à ce que “le calendrier de couverture de territoire en très haut débit soit accéléré et que les fonds d’intervention soient abondés en lien avec cette urgence”.

“Le numérique est un enjeu aussi crucial que l’arrivée de l’électricité ou du téléphone au siècle dernier”, selon les maires ruraux.

Début novembre, les députés Vincent Descoeur (UMP, Cantal) et Chantal Robin-Rodrigo (PRG, Hautes-Pyrénées), également responsables de l’Association nationale des élus de la montagne, ont déposé un projet de loi pour favoriser des “solutions adaptées” à leur situation et ne pas être “exclus” du très haut débit.

Il n’est pas sûr que l’accord annoncé lundi par Orange et SFR répondent à leurs attentes : les opérateurs se sont engagés à déployer la fibre d’ici 2020 dans 10 millions de foyers situés dans des villes moyennes et des agglomérations. Pour 40% des foyers restants situés dans des zones peu densément peuplés, le déploiement fibre dépendra cependant des collectivités locales et des subventions nationales et européennes.