Les salariés de Fralib font annuler en appel le plan social d’Unilever

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à Gémenos dans le sud de la France (Photo : Boris Horvat)

[17/11/2011 13:23:37] GEMENOS (Bouches-du-Rhône) (AFP) La justice a de nouveau renvoyé Unilever dans les cordes sur le dossier Fralib, un site de 182 salariés menacé de fermeture, jugeant ses propositions de reclassement “pas sérieuses” et annulant jeudi son plan de sauvegarde de l’emploi (PSE).

A l’usine de Gémenos, seul site à produire en France les thés Lipton et les infusions L’Eléphant, de grands cris de soulagement et de joie ont éclaté à l’annonce de la décision, faite à 08h45 par Gérard Cazorla, le secrétaire (CGT) du comité d’entreprise, en pleurs.

“Cela nous a fait beaucoup d’émotion, c’est une grande victoire pour toutes les heures passées à ne rien lâcher”, a déclaré Jean-Michel Masselot, un ouvrier de 52 ans, en confiant que “cette année de lutte avait été très difficile moralement et physiquement”.

Dans son arrêt, rendu jeudi et dont l’AFP a obtenu une copie, la cour d’appel d’Aix-en-Provence valide la procédure d’information et de consultation et admet que le site de Gémenos “est incontestablement le moins compétitif” des trois établissements du groupe, mais elle souligne que le PSE ne peut être considéré comme valable.

“Compte tenu de la grave insuffisance des mesures proposées au regard des moyens du groupe Unilever, un tel plan de sauvegarde de l’emploi ne peut être considéré comme suffisant, sérieux et pertinent”, estime la cour.

Evoquant notamment des “propositions de 17 postes à Katowice en Pologne”, qui “ne sont pas sérieuses”, la cour juge que “le plan est très insuffisant pour le reclassement interne”.

“Il est bien évident qu’aucun salarié du site de Gémenos ne peut accepter de telles conditions et que présenter de tels postes revient à ne rien proposer”, affirme la cour.

En février, Unilever s’était déjà vu ordonner par le juge des référés du TGI de Marseille, saisi par le CE, de reprendre à zéro son projet de fermeture, annoncé à l’automne 2010.

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és de Fralib sur le toit de leur entreprise, à Gémenos dans le sud de la France, le 17 novembre 2011 (Photo : Boris Horvat)

En fin de matinée jeudi, ils étaient une soixantaine de salariés à avoir rallié le site, les visages souriants affichant de la joie mais aussi beaucoup de fatigue.

L’avocat du CE, Me Amine Ghenim, s’est dit “extrêmement satisfait” de cette “belle victoire”.

Pour Mireille Fratini, 58 ans, entrée chez Fralib en 1972, “ça valait le coup de se battre”. “D’habitude, je pense que la justice est plutôt pour les puissants, mais là, les juges ont écouté nos arguments”, a-t-elle affirmé.

L’avocat du CE s’est dit cependant en attente “des réactions d’Unilever”.

De fait, le géant anglo-néerlandais de l’agroalimentaire admet que la cour lui “demande d’améliorer le PSE sur le reclassement interne et la revitalisation” du site, mais il reste ferme: “le processus de fermeture va se poursuivre”, indique un communiqué. “Il n’y a pas de débat”, a martelé un porte-parole de la direction.

La direction précise par ailleurs “que toute nouvelle négociation individuelle est suspendue jusqu’à nouvel ordre”, ajoutant que les “salariés seront informés des prochaines étapes dans le courant de la semaine prochaine”.

Selon le communiqué, “le groupe, au-delà des exigences de la loi, (a) bloqué tous les postes créés ou devenant vacants dans le groupe en France depuis un an pour les réserver au personnel de Fralib et (…) seulement deux salariés ont accepté un reclassement interne”.

Interrogé sur ces propositions, M. Masselot a expliqué qu’il ne se voyait pas “laisser (son) fils pour aller gagner 500 euros par mois en Pologne”. Et, ajoute-t-il, “il fallait écrire et parler le polonais: c’était une grosse arnaque”.