ès de Paris, le 15 novembre 2011 (Photo : Joel Saget) |
[17/11/2011 14:56:51] LA DEFENSE (Hauts-de-Seine) (AFP) “On y est, on y reste!”: malgré leur nombre limité et les interventions régulières des forces de l’ordre, les dizaines d’Indignés qui campent depuis deux semaines dans le quartier d’affaires de La Défense (Hauts-de-Seine) restent déterminés.
“Le plus dur, ce n’est pas le froid, c’est la répression policière”, soupire Mathilde, cheveux roux en bataille et yeux cernés, émergeant d’un duvet. “Chaque jour, on construit le campement, chaque soir les policiers détruisent tout”, déplore-t-elle mercredi matin.
Les manifestants, qui entameront vendredi leur troisième semaine sur place, se sont installés à la fin du sommet du G20 de Cannes, le 4 novembre. Leur nombre oscillant entre plusieurs centaines et quelques dizaines, loin de l’ampleur d’autres mouvements en Europe ou aux Etats-Unis.
“Fatalisme”, “individualisme”, “manque de médiatisation”: plusieurs raisons sont invoquées pour expliquer le manque d’engouement pour le mouvement, pourtant largement relayé sur les réseaux sociaux.
“Il fait froid, ça n’aide pas et puis on parle peu de nous dans les médias ou seulement pour évoquer les violences de la police, ça ne donne pas envie de nous rejoindre”, lâche Olivier, un ingénieur de 33 ans, qui quitte la Défense au lever du jour, un duvet accroché au sac à dos, pour rejoindre son travail.
“Nous ne sommes pas résignés: on y est, on y reste”, martèle Thierry, 56 ans, présent depuis 11 jours. “Nous sommes juste au début, il y a un gros soutien sur internet”, assure un autre Indigné.
Dès le premier soir d’installation, les tentes ont été confisquées par les forces de l’ordre. Mardi soir, une centaine de policiers et de gendarmes mobiles sont de nouveau intervenus pour enlever cartons, bâches et pancartes, emportant aussi de la nourriture et des effets personnels, selon des Indignés.
Une intervention qui vise “à nettoyer l’esplanade des cartons et des meubles amassés par les Indignés”, mais “pas à évacuer les personnes, ni à procéder à des interpellations”, selon la préfecture des Hauts-de-Seine.
Une poignée d’irréductibles continue pourtant à dormir chaque nuit au pied de la Grande Arche de La Défense, serrés les uns contre les autres dans des sacs de couchage, sous l’oeil des forces de l’ordre.
Vers 7 heures du matin, le regard encore endormi de quelques-uns croise celui des travailleurs qui s’échappent de la bouche de métro.
“Vous nous intéressez, venez débattre”, “Et vous, qu’est-ce qui vous fait battre le coeur?” interpellent quelques pancartes posées à même le sol.
“Vous avez du courage!” leur lance Marie-Suzanne Roussel, documentaliste au ministère du Développement durable. “Ils nous offrent une nouvelle réflexion, une nouvelle forme de pensée et c’est un combat pacifique”, approuve-t-elle.
D’autres sont indifférents voire critiques: “Charlots!, lâche un homme en passant rapidement devant le campement, “ils n’ont qu’à aller bosser!”
Dans la bouche des Indignés, un seul mot d’ordre: “Nous ne partirons pas”.