çois Desperriers (G) et Aurélien Ibanez travaillent à une prise de vue, le 20 septembre 2011 dans les vignes du Clos de Vougeot (Photo : Jeff Pachoud) |
[18/11/2011 12:04:50] BEAUNE (Côte-d’Or) (AFP) Après des études de Lettres et dix ans sur une chaîne de montage, François Desperriers, 46 ans, vient de laisser son travail pour se consacrer à Bourgogne Live, un site internet sur le vin très en vue qui lui permet désormais de vivre de sa passion.
Du simple amateur aux professionnels (cavistes, journalistes, vignerons), les blogs vinicoles, carnets de bord sur internet animés par un individu ou une communauté, se comptent par centaines en France. Et leur nombre ne cesse de croître.
Il en va de même pour l’influence de cette partie de la blogosphère qui se dénomme elle-même “glouglousphère”, comme l’atteste l’intérêt croissant des interprofessions de vins pour les réseaux sociaux. Mais très peu des auteurs de ces sites internet arrivent à en vivre.
François Desperriers était de ceux qui menaient de front passion et travail. Avant de quitter son emploi en avril, il était ouvrier depuis dix ans sur une chaîne de montage de composants électriques dans une usine près de Dijon.
A la pause, alors que ses collègues allaient au café, lui se précipitait sur son smartphone pour alimenter son site.
Créé début 2010 avec Aurélien Ibanez, 26 ans, qui travaillait alors chez un imprimeur, Bourgogne Live est un site d’informations sur le vin, en Bourgogne et ailleurs, qui mélange les vidéos et articles produits en interne avec des informations diffusées par d’autres. “Un pied en Bourgogne, un pied sur le net”, comme l’indique sa devise.
Passionnés par l’univers du vin mais complètement néophytes, les deux amis, qui se sont rencontrés en 2009 via internet, se partagent les tâches: François s’occupe de la veille, du rédactionnel et anime les comptes Twitter et Facebook tandis qu’Aurélien se charge des reportages photo-vidéo et du montage.
çois Desperriers (G) et Aurélien Ibanez le 20 septembre 2011 dans les vignes du Clos de Vougeot, à Vougeot (Photo : Jeff Pachoud) |
“Il y a deux visions du monde du vin: ceux qui le voient comme un temple avec ses codes et ses rites qu’il faut protéger et ceux qui pensent qu’il faut en ouvrir grand les portes et les fenêtres et faire entrer de l’air là-dedans. Les blogs ont permis cette ouverture totale”, explique à l’AFP François, marié et père d’un enfant de dix ans.
Celui qui savait “juste envoyer un mail” se met à explorer les réseaux sociaux, envoie des infos sur la Bourgogne. Bluffé par la “puissance de Twitter”, il entre très rapidement en contact avec “des gens très importants dans le monde du vin” qui adoptent et adoubent Bourgogne Live.
Fin 2010, après un an à ne faire “que ça” à côté du travail, “on a vu que ça marchait mais on ne savait pas comment en vivre, car zéro pub égale zéro revenu”, poursuit-il.
Après un temps de réflexion, François et Aurélien se disent qu’il “faut gagner de l’argent ailleurs que sur le blog”.
Au même moment, des maisons de vins les approchent pour leur demander de réaliser des films institutionnels pour leur compte.
“En Bourgogne, il faut que les gens te fassent confiance. Ils nous ont observés pendant un an, nous ont identifiés et maintenant ils nous font confiance”, analyse François, qui a lancé en parallèle Bourgogne Live prod.
La société de films institutionnels compte désormais une dizaine de clients, tous venus “par le bouche à oreille” et permet aux deux amis d’en vivre. Mais “Bourgogne Live reste notre vitrine” qui, pour être crédible, doit conserver son indépendance, souligne François.
“En devenant chef d’entreprise avec un travail créatif dans un milieu que je ne connaissais pas, j’ai rompu plein de déterminismes”, explique ce fils de professeur d’allemand.
“L’écriture, ça a débloqué plein de choses”, ajoute François, également titulaire d’une maîtrise de Lettres sur Balzac et qui sera présent dimanche à la 151e vente des Hospices de Beaune.