ège de Renault à Boulogne-Billancourt (Photo : Eric Piermont) |
[18/11/2011 13:53:00] PARIS (AFP) Une perquisition au siège de Renault à Boulogne-Billancourt a relancé l’enquête sur la fausse affaire d’espionnage qui avait secoué le constructeur automobile et conduit à une refonte de son organisation.
La perquisition, qui a eu lieu mercredi y compris dans les locaux de la direction générale et le bureau de l’assistante du PDG Carlos Ghosn, et confirmée vendredi, a été menée par le juge Hervé Robert, chargé de l’enquête sur la tentative d’escroquerie au renseignement après une plainte de Renault.
Hervé Robert s’était déjà rendu début juillet dans des locaux du constructeur au Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine) pour y consulter des documents.
En janvier, Renault avait licencié trois de ses cadres haut placés, les accusant, à tort, d’avoir monnayé des secrets sur ses programmes de voiture électrique.
Le numéro deux de Renault, Patrick Pélata, puis Carlos Ghosn lui-même étaient montés au créneau pour dénoncer une vaste affaire d’espionnage industriel, dont ils affirmaient disposer de preuves.
L’enquête avait ensuite permis de blanchir les trois cadres, se réorientant vers la thèse d’une escroquerie mettant cette fois en cause le service de sécurité du constructeur automobile.
Mis en examen pour escroquerie en bande organisée, son responsable Dominique Gevrey est incarcéré depuis à Paris. Il est soupçonné d’avoir contribué à une escroquerie au renseignement en faisant accuser à tort d’espionnage industriel les trois cadres.
L’ex-responsable de la sécurité, licencié début mai pour “faute grave” a assuré pour sa part avoir agi de bonne foi par l’intermédiaire d’une mystérieuse source, qu’il n’a pas voulu révélée et supposée avoir été à l’origine des informations sur les trois cadres.
“Borderline”
M. Gevrey a certifié par ailleurs avoir suggéré d’alerter la police après que la direction eut reçu un courrier anonyme dénonçant les trois cadres et l’origine du scandale.
Le scandale avait débouché en avril sur le départ de Patrick Pélata, remplacé par Carlos Tavares, et conduit à une vaste refonte de l’organisation renforçant la présence de M. Ghosn soucieux de “prendre en direct” des “zones de responsabilité”.
Pour l’avocat de M. Gevrey, Me Jean-Paul Baduel la perquisition au sein même de la direction est un tournant décisif dans l’enquête. “Mon client a toujours estimé qu’un certain nombre de choses devaient être faites, le magistrat instructeur l’a entendu”, a-t-il déclaré à l’AFP.
L’avocat conteste la version donnée par Renault d’une opération de faux espionnage menée par son service de sécurité. Il soupçonne au contraire la direction de Renault d’avoir organisé “une manipulation qui ne date pas de l’affaire des trois cadres” dans le but de centraliser encore plus son organigramme autour de son PDG.
Me Baduel accuse également le parquet de Paris d’avoir “donné, depuis le début, une version fantaisiste” de l’affaire en accusant M. Gevrey. Une accusation qui, selon lui, ne résistera pas à “l’examen des faits”.
Le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, nommé depuis procureur général près la Cour de Cassation avait estimé que l’affaire ne relevait en fait que d’une “possible escroquerie au renseignement”.
L’ex procureur avait été nommément mis en cause dans un enregistrement clandestin réalisé par M. Gevrey lors d’une réunion interne chez Renault. Le directeur juridique de Renault y affirmait que M. Marin avait “couvert” les investigations “borderline” qui ont abouti au licenciement des cadres.