Crise de la dette : la BCE, comme l’Allemagne, ne veut pas en faire plus

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à Francfort (Photo : Daniel Roland)

[18/11/2011 14:01:20] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) a réaffirmé vendredi qu’elle ne se porterait pas davantage au secours de la zone euro qu’elle ne le fait déjà, malgré les pressions exercées notamment par la France, pour des questions de mandat et de crédibilité, adoptant la même ligne que Berlin.

L’objectif, unique, fixé à la BCE lors de sa création est de maintenir la stabilité des prix, a rappelé son président Mario Draghi lors d’une conférence financière à Francfort (ouest). Ce qu’elle fait par l’intermédiaire de la fixation de taux d’intérêt qui servent de baromètre au crédit en zone euro.

“Notre crédibilité implique le succès de notre politique monétaire consistant à ancrer les perspectives d’inflation à moyen et long terme”, a-t-il déclaré.

“C’est la contribution majeure que nous pouvons apporter pour soutenir la croissance, la création d’emplois et la stabilité financière. Et nous apportons cette contribution en toute indépendance”, a-t-il poursuivi.

Pour assurer la stabilité financière, la BCE intervient toutefois déjà en fournissant des liquidités aux banques de la zone euro pour un montant illimité et à taux fixe.

Elle rachète aussi de la dette publique sur le marché secondaire, dans une tentative de limiter l’envolée des taux d’emprunt des pays en difficulté pour des montants toutefois restreints et de manière temporaire, prend-elle garde à rappeler régulièrement.

Mais alors que la France notamment, qui fait face à une pression accrue des marchés, et nombre d’économistes sont revenus à la charge cette semaine pour réclamer que la BCE lâche davantage les vannes, M. Draghi a renvoyé les gouvernements à leurs responsabilités.

“Les politiques économiques nationales sont responsables de la restauration et du maintien de la stabilité financière”, a-t-il déclaré.

Cette position est largement défendue par la Banque centrale allemande, la Bundesbank, qui a montré en outre à plusieurs reprise son opposition au programme de rachat d’obligations publiques.

Son président, Jens Weidmann, a estimé vendredi, lors de la même conférence, que la BCE ne devait pas outrepasser son mandat.

“Le manque de réussite pour circonscrire la crise ne justifie pas d’outrepasser le mandat de la Banque centrale et de la rendre responsable de la résolution de la crise”, a-t-il déclaré.

“Un engagement clair” à respecter le mandat primaire de la BCE, la stabilité des prix, “est un élément indispensable pour un avenir prospère de l’euro”, a-t-il insisté.

“Je suis convaincu que la crise de confiance actuelle ne peut pas être surmontée si la confiance dans le cadre légal et économique est perdue”, a-t-il déclaré, rappelant son opposition catégorique à “toute forme de financement monétaire de la dette publique”.

De son côté, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a jugé lors du même congrès que si la BCE se mettait à financer la dette des Etats, cela donnerait à la zone euro “quelques mois de répit” mais en définitive “les marchés ne considéreraient plus l’euro comme une monnaie stable”.

Pour limiter ses rachats d’obligations, la BCE se serait même dotée d’un plafond secret, fixé pour le moment à 20 milliards d’euros, selon le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung paru vendredi.

Toutes les deux semaines, le conseil des gouverneurs de l’institution fixerait un montant maximal, poursuit le journal qui ne cite pas ses sources mais selon lequel cette pratique serait en vigueur depuis le lancement en mai 2010.

Interrogé par l’AFP sur l’existence d’un tel plafond, M. Weidmann, s’est refusé à tout commentaire.

Début août la BCE avait déboursé 22 milliards d’euros en une seule semaine à cet effet, mais ces dernières semaines ses achats tournent autour de 4 à 5 milliards d’euros. Au total, la BCE a racheté pour l’instant 187 milliards de dette publique.