Si cheik Hamad El Tahani, émir du Qatar, a mobilisé ses lobbies, ses réseaux et ses fans en Tunisie pour pouvoir assister à la première séance de l’Assemblée constituante, prévue, en vertu du décret du 14 novembre 2011, pour le mardi 22 novembre 2011, au Bardo, dans l’enceinte de l’ex-Chambre des députés, M. Ahmet Davutoglu, ministre turc des Affaires étrangères, a apparemment choisi, d’après certaines sources concordantes, la voie discrète de la diplomatie pour exprimer le souhait du gouvernement d’Ankara d’assister, aux côtés du peuple tunisien, à ces moments historiques, qui vont redéfinir, à l’avenir, la configuration politique de notre pays et préparer le terrain aux nouvelles échéances électorales.
En fait, la première séance de la Constituante, qui va débuter à 10h du matin, sera présidée, nous dit-on, par le plus âgé des élus, secondé, tout au long des travaux, par la femme ou l’homme le plus jeune de l’Assemblée. Après le serment solennel des représentants de la volonté populaire, l’élection du président de la Constituante aura lieu au suffrage secret et à la majorité absolue. Un deuxième tour, pour l’obtention d’une majorité simple, peut être organisé en cas de blocage.
Cette première séance, affirment des membres de l’alliance tripartite (Ennahdha, CPR, Ettakatol), peut demeurer ouverte durant des jours. Afin de laisser la porte ouverte à la venue de plusieurs personnalités du monde arabe et occidental, qui ont toujours été aux côtés du peuple tunisien dans sa lutte contre la dictature.
D’ailleurs, tout juste après l’indépendance du pays, pendant le déroulement de la Constituante, qui a ouvert la voie vers la proclamation de la République, les élus de la jeune nation avaient accueilli, le 3 janvier 1957, Mustapha Ben Halim, Premier ministre du gouvernement libyen de l’époque, qui avait exprimé, à cette occasion, dans un discours mémorable, la solidarité du royaume avec l’entité tunisienne naissante encore en lutte contre la présence française à Bizerte et dans certains portions du sud du pays.
Mehdi Ben Barka aussi, Président du Conseil National Consultatif Marocain et figure légendaire de l’opposition au temps du Roi Hassan II, a représenté, en janvier 1958, Mohammed VI, le Sultan du Royaume Chérifien et prononcé, dans l’enceinte de l’Assemblée constituante tunisienne, une allocution visant à raffermir les liens entre les deux pays, qui viennent à peine de conquérir leur liberté et de se débarrasser du tutorat du colon français.
A cette époque, d’après les archives nationales, le leader Habib Bourguiba n’a pas hésité à accorder, d’une manière honorifique, la citoyenneté tunisienne au docteur Fadhel Jemmali, ami des peuples de l’Afrique du nord dans leur combat pour l’indépendance et chef de la mission diplomatique de l’Irak aux Nations Unies, qui avait assisté, le 12 juillet 1956, aux travaux de la Constituante et présenté ses félicitations à l’assistance.
Ainsi donc, les Tunisiens, nous dit-on, ne devraient pas se braquer devant la perspective de recevoir des invités au sein de la première séance de la Constituante.
Oui, mais le problème provient de ce peuple rebelle, initiateur du Printemps arabe, qui ne supporte plus les arrogances et les suffisances.