Les USA ont encore le temps de régler leur problème de déficit

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ésident américain Barack Obama, le 21 juillet à Washington DC (Photo : Saul Loeb)

[21/11/2011 17:37:48] WASHINGTON (AFP) Un échec de la “super-commission” budgétaire des Etats-Unis laisserait encore du temps au pays pour régler ses problèmes de déficit, non seulement parce que les coupes automatiques dans les dépenses ne commenceront qu’en 2013, mais aussi parce qu’il emprunte à un coût très bas.

Cette instance bipartite de douze parlementaires était en passe lundi d’abandonner ses travaux destinés à trouver des mesures qui réduiraient le déficit budgétaire de l’Etat fédéral d’au moins 1.200 milliards de dollars cumulés sur dix ans.

La loi dit que faute de compromis avant mercredi soir minuit, le budget sera automatiquement amputé de la même somme au total.

Par conséquent, les chiffres étant équivalents, que la “super-commission” échoue ou réussisse, “il est improbable que les projections de déficit changent de manière substantielle”, relève Alec Phillips, analyste de Goldman Sachs.

Mais alors que cette commission avait toute latitude pour répartir l’effort entre augmentation des recettes et baisse des dépenses, si elle échoue tout l’effort portera sur les dépenses, forçant l’Etat fédéral à une cure d’amaigrissement.

Ce n’est pas pour tout de suite: l’effet prévu sur l’exercice 2012 est assez indolore, et s’enclenche véritablement à partir de l’exercice 2013.

D’ici là, le feuilleton peut connaître d’autres rebondissements. Les parlementaires peuvent à tout moment refaire ou défaire leur oeuvre, et il est probable qu’une nouvelle majorité issue des élections législatives de novembre 2012 s’attèle aux questions budgétaires en priorité.

“Ces sujets seront au coeur de l’élection présidentielle à venir”, ont souligné les analystes de la banque Barclays.

L’état actuel de la loi incitera le prochain Congrès à travailler vite. Selon les calculs des analystes de Nomura, s’il ne change rien, l’économie américaine devra supporter une austérité telle en 2013 que la politique budgétaire abaissera la croissance de 3 points de pourcentage.

“Cela additionne les effets combinés des plafonds de dépenses dans le cadre de la loi de contrôle du budget [votée en août, et qui a instauré la super-commission], de coupes supplémentaires dans les dépenses via les mécanismes automatiques, de l’expiration prévue des exonérations d’impôts de la présidence Bush, et d’autres impôts qui doivent augmenter automatiquement début 2013”, ont-ils précisé.

Se reposera alors la question qui a déchiré la classe politique de Washington en juillet et août, au moment du débat sur le plafond de la dette, et qui risque de faire échouer la “super-commission” quatre mois plus tard: comment tailler dans le déficit sans déprimer la conjoncture?

La tâche est colossale. La dette publique, qui a dépassé depuis quelques jours 15.000 milliards de dollars, approche le seuil de 100% du produit intérieur brut.

Le déficit budgétaire a atteint 1.299 milliards de dollars sur l’exercice 2011, achevé le 30 septembre. La Maison Blanche et le Congrès estiment qu’ils pourront le ramener sous 1.000 milliards lors de l’exercice actuel, pour la première fois depuis l’exercice 2008.

Mais les parlementaires américains ont pour le moment un luxe que les politiciens d’autres pays n’ont pas: des taux d’intérêt très faibles.

La demande des investisseurs pour la dette du Trésor permet de l’offrir à des prix exceptionnellement bas. Lundi, il a vendu des obligations à six mois assorties d’un taux d’intérêt médian de 0,04%. Pour une échéance comparable, la France a dû payer lundi en moyenne 0,742%. Fin octobre, l’Espagne a payé 3,302%, et l’Italie 3,535%.