ésident du groupe nucléaire français, le 8 septembre 2011 à Tokyo (Photo : Toru Yamanaka) |
[21/11/2011 18:26:37] PARIS (AFP) Areva prévoit d’annoncer en décembre 2.700 à 2.900 suppressions d’emplois, dont plus de 1.000 en France, dans le cadre d’un “plan stratégique” d’austérité qui ampute aussi de 40% les investissements et comprend d’importantes cessions, selon des sources proches du dossier.
Dans le brouillard sur son avenir depuis la catastrophe de Fukushima, le groupe nucléaire français doit aussi faire le ménage sur une situation financière jugée “très difficile” en interne et héritée par le nouveau patron Luc Oursel qui a succédé en juin à Anne Lauvergeon.
En France, Areva veut réduire les effectifs de 1.000 à 1.200 personnes, selon les sources de l’AFP, alors que pas plus tard que lundi matin le ministre de l’Energie Eric Besson disait ne pas croire à des suppressions d’emplois parmi les 28.000 employés du groupe dans l’Hexagone.
Selon les mêmes sources, ces coupes sont prévues dans les “fonctions support”, c’est à dire les services juridique, financier, communication, ressources humaines. Près d’un poste sur six y sera supprimé via des départs en retraites, démissions mais aussi un plan de départs volontaires.
Aucune fermeture de site industriel n’est prévue à ce stade, mais un éventuel abandon de l’EPR de Penly (Seine-Maritime) pourrait changer la donne.
En Allemagne, où il a subi l’arrêt programmé de l’atome civil d’ici 2022, Areva prépare des “mesures sévères” entraînant 1.300 suppressions d’emplois (20% du personnel allemand), avec la “fermeture progressive” d’une usine, des réductions d’effectifs sur deux autres sites et la cession d’un quatrième.
Enfin, le groupe public français veut supprimer 360 postes en fermant trois usines de combustible, deux aux Etats-Unis (Lynchburg, Erwin) et celle de Dessel en Belgique: au total, il couperait ainsi près de 6% de ses effectifs, actuellement d’environ 48.000 personnes dans le monde.
Urgence financière
éva de Tricastin en France, le 4 avril 2011 (Photo : Philippe Desmazes) |
Mais le plan du fleuron nucléaire français, dont la version finale doit être validée en conseil de surveillance le 12 décembre, ne s’arrête pas là.
Au niveau des investissements, Areva ampute considérablement ses projets actuels, qui prévoyaient 12 milliards d’euros de dépenses d’ici 2016. Il vise à redescendre à 7 milliards d’euros en “reportant” des projets, selon une source interne, pour se concentrer sur les plus avancés.
Aux suppressions d’emplois s’ajoute également un important plan de cession: Areva veut vendre les 26% qu’il détient dans le groupe minier Eramet (nickel, manganèse, alliages) et qui valent au cours actuel environ 600 millions d’euros.
Areva veut également céder sa participation majoritaire de 63% dans le groupe d’or canadien La Mancha (valant 160 millions d’euros au cours actuel) et céder sa filiale Canberra, numéro 1 mondial de la mesure nucléaire, pour boucler le financement de son plan.
Objectif: parvenir dès 2013 à 500 millions d’euros d’économies annuelles, puis 750 millions d’euros d’ici 2015, soit 9% de ses coûts.
Pour Areva, il y a urgence: la situation financière du groupe est jugée “très difficile” en interne, selon une source proche du dossier, et le gouvernement a donné injonction au groupe public (détenu à 87% par l’Etat) d’améliorer ses résultats.
Les effectifs ont augmenté 11% plus vite que le chiffre d’affaires et Areva prévoit un résultat opérationnel de nouveau “lourdement négatif” cette année, après la perte de 423 millions en 2010. Les investissements ont explosé et amputé la trésorerie, négative depuis 2006, tout en gonflant la dette.
La poursuite de cette trajectoire “n’est pas tenable” selon Areva, qui veut marquer une “inflexion nette à brève échéance”, dans un contexte où il est lui difficile d’emprunter avec la baisse de sa note du fait de la catastrophe de Fukushima et la crise financière.