L’ex-patron d’AIG frappe fort en réclamant 25 miiliards de dollars au gouvernement

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à Washington (Photo : Chip Somodevilla)

[21/11/2011 21:45:39] NEW YORK (AFP) L’ex-patron d’AIG, Hank Greenberg, a fait une démarche audacieuse lundi en réclamant en justice 25 milliards de dollars au gouvernement américain, l’accusant de l’avoir spolié en nationalisant l’assureur en 2008.

M. Greenberg, 86 ans, a dirigé AIG pendant près de 40 ans et en a fait le numéro un mondial de l’assurance, une société opaque du fait de ses ramifications multiples et qui est devenue l’un des symboles des excès de la finance.

Il a été poussé à la démission en 2005 dans la foulée d’une enquête liée à une fraude comptable, pour laquelle il n’a finalement pas été condamné.

Conduit au bord du précipice par une politique très risquée de son département de produits financiers, l’assureur a été sauvé d’une faillite quasi certaine en septembre 2008 grâce à un prêt de la banque centrale (Fed), complété par d’autres injections de fonds publics dépassant au total 180 milliards de dollars.

“Les actions du gouvernement (pendant la crise) ont ostensiblement été vouées à protéger l’économie américaine et à venir au secours du système financier du pays”, admet la plainte déposée au nom de la société de M. Greenberg, Starr International.

“Bien ce que soit un but peut-être louable, en termes juridiques, il ne justifie pas les moyens illégaux qui ont été pris par le gouvernement pour y parvenir”, ajoute-t-elle toutefois.

“Le gouvernement n’a pas le droit de piétiner le droit des actionnaires et de la propriété même au milieu d’une urgence financière”, soutient la plainte, se référant au cinquième amendement de la constitution américaine.

M. Greenberg accuse essentiellement le gouvernement d’avoir discriminé AIG et ses actionnaires en le nationalisant “sans dédommagement équitable” pour les actionnaires comme lui, plutôt qu’en se contentant de lui prêter de l’argent ou de lui fournir des garanties de prêts, comme il l’a fait pour d’autres institutions financières au plus fort de la crise.

Il affirme qu’AIG était solvable et n’avait qu’un “problème temporaire de liquidités”.

M. Greenberg réclame des dommages et intérêts d'”au moins 25 milliards de dollars”, soit la valeur des actions issues de la conversion d’actions préférentielles que le gouvernement a reçues le 14 janvier dernier, au prix de clôture de 45,24 dollars.

Or au lendemain de la faillite de Lehman Brothers, quand le gouvernement est intervenu pour sauver AIG le 16 septembre 2008, l’action ne valait que 1,25 dollar.

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ège des assurances AIG (Photo : Stan Honda)

“De la part de Greenberg, ça ne manque pas de culot”, s’étonne Gregori Volokhine, directeur de Meeschaert New York.

“Il essaie de se poser en victime alors qu’il était à la tête d’AIG quand l’assureur émettait des produits financiers qui ont largement contribué à la crise”, ajoute-t-il, estimant qu’il ne devrait pas tirer “un centime” de ces poursuites.

Le Trésor a défendu les mesures prises pendant la crise.

“Nos actions étaient nécessaires, légales et constitutionnelles. Nous étudions la plainte et prévoyons de (nous) défendre vigoureusement”, a commenté Tim Massad, l’un des responsables du Trésor en charge de la stabilité financière.

A l’époque, M. Greenberg avait réclamé lui-même l’intervention des pouvoirs publics, faisant valoir qu’une faillite serait “catastrophique”.

En janvier, il avait estimé que le gouvernement américain avait fait une plus-value de 44 milliards de dollars sur son investissement dans l’assureur, et s’interrogeait déjà sur la décision de le nationaliser.

Le Trésor américain reste pourtant actionnaire d’AIG à 77% et doit encore récupérer 50 milliards de dollars pour que son investissement soit rentable. S’il liquidait toute sa participation aujourd’hui, il serait encore dans le rouge.

AIG a fortement réduit son périmètre à coup de cessions d’actifs depuis 2008, et perd encore de l’argent: l’assureur a publié une perte de 4,1 milliards de dollars au troisième trimestre, plombé par le déclin des marchés et une charge liée à sa filiale de location d’avions.