à Madrid le 21 novembre 2011 (Photo : Dani Pozo) |
[22/11/2011 12:40:25] MADRID (AFP) L’Espagne a payé très cher mardi pour emprunter 3 milliards d’euros, souffrant de l’extrême tension des marchés, insensibles à la victoire de la droite aux élections dimanche, tandis que les pressions montent pour que le prochain gouvernement annonce des réformes.
La tension tient surtout à la crise de la dette en zone euro, mais le pays, qui a encore dû voler au secours lundi d’une banque en difficultés, a des devoirs économiques à accomplir, comme l’ont rappelé la chancelière allemande Angela Merkel et les agences de notation Standard & Poor’s et Fitch.
Comme la semaine dernière, le Trésor a concédé des taux d’intérêt astronomiques pour se financer, même s’il a réussi, comme prévu, à émettre 2,978 milliards d’euros de bons à 3 et 6 mois, selon la Banque d’Espagne.
Par rapport à la dernière émission similaire, le 25 octobre, le taux des bons à trois mois a été multiplié par deux, à 5,110%, contre 2,292% la fois précédente. Sur six mois il a aussi grimpé, à 5,227%, contre 3,302%.
L’Espagne vit depuis une dizaine de jours un fort regain de tension sur les marchés, que la large victoire de la droite aux législatives n’a pas apaisé.
Signe de ce climat de défiance, la prime de risque – surcoût que doit payer l’Espagne pour emprunter à dix ans, par rapport à l’Allemagne, référence en zone euro – restait à un niveau élevé, à 466 points.
Les analystes s’accordent sur l’idée que seule une action européenne est désormais en mesure de calmer la tempête qui touche l’Espagne et la zone euro.
A la bourse de Madrid le 21 novembre 2011 (Photo : Pierre-Philippe Marcou) |
“Il est clair que les changements politiques au niveau (de chaque pays) ne valent rien”, soulignaient mardi les analystes de Bankinter.
“Si, en outre, nous tenons compte du fait que la BCE se montre très réticente à acheter les obligations, la balle est dans le camp des institutions européennes au niveau global”, poursuivaient-ils.
Mais l’Espagne doit faire sa part du travail, comme le lui a rappelé Angela Merkel dans une lettre rendue publique mardi, où elle félicite le vainqueur des élections Mariano Rajoy.
“Vous avez reçu de votre peuple un mandat clair pour décider et mettre en oeuvre rapidement des réformes nécessaires dans cette période difficile pour l’Espagne et pour l’Europe”, a-t-elle écrit.
Même message de l’agence Fitch, qui a maintenu mardi la note du pays à “AA-“, avec perspective négative.
Elle a appelé le prochain gouvernement à prendre des “mesures supplémentaires pour atteindre les objectifs de déficit du programme de stabilité du pays” et le réduire de 9,3% du PIB en 2010 à 3% en 2013.
Le pays “doit surprendre les investisseurs de manière positive avec un programme ambitieux et radical de réforme budgétaire et structurelle”.
Standard and Poor’s a fait une mise en garde similaire lundi soir, en confirmant la note espagnole à “AA-” avec perspective négative.
“La majorité claire” obtenue par le Parti populaire (PP) “pourrait faciliter une mise en oeuvre concentrée en début de législature de mesures de réformes”, a estimé l’agence, qui attend “prochainement” les mesures concrètes du gouvernement de Mariano Rajoy.
“Tant que les investisseurs ne connaîtront pas les intentions du nouveau gouvernement, l’instabilité restera très présente”, prévient la maison de courtage Link Securities.
Le PP, qui a promis de former son gouvernement avant Noël, ne devrait pourtant pas faire connaître son programme tout de suite: “ce que va faire Rajoy, il le dira lors du débat d’investiture”, a indiqué lundi le numéro deux du parti, Dolores de Cospedal.
Engluée dans la crise, avec un chômage record et le risque d’une prochaine récession, l’Espagne suscite aussi des inquiétudes sur son secteur bancaire.
La nationalisation lundi de Banco de Valencia, quatrième intervention publique depuis le début de la crise, a révélé une fois de plus la fragilité de ce secteur, pénalisé depuis l’éclatement de la bulle immobilière en 2008.