Echec de la “super-commission” aux Etats-Unis : la parole à Moody’s et à Fitch

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à New York. (Photo : Stan Honda)

[22/11/2011 15:06:57] WASHINGTON (AFP) L’échec de la “super-commission” budgétaire aux Etats-Unis, qui envoie un nouveau signal inquiétant sur le blocage politique à Washington, laisse le gouvernement dans l’attente du verdict de deux des trois grandes agences de notation, Moody’s et Fitch.

L’instance bipartite de douze parlementaires chargée de trouver des mesures qui réduiraient le déficit budgétaire d’au moins 1.200 milliards de dollars sur dix ans a été paralysée par des différences irréconciliables. Elle a annoncé lundi l’échec de ses travaux.

Parmi les trois grandes agences, Standard and Poor’s a été la première à réagir. Elle a laissé inchangée lundi son évaluation de la solvabilité du Trésor américain, à “AA+” (la deuxième meilleure note possible), avec une perspective qui reste “négative”.

Les divergences entre démocrates et républicains avaient poussé Standard and Poor’s à prendre la décision historique, le 6 août, de faire perdre aux Etats-Unis leur note maximale, “AAA”.

La note reste là pour le moment, puisque la donne n’a pas réellement empiré par rapport à celle décrite par l’agence en août: un débat politique trop conflictuel sur le budget de l’Etat fédéral, qui paralyse toute législation et laisse courir le déficit.

La réaction des deux agences concurrentes, Moody’s et Fitch, semble plus difficile à prévoir. Confirmeront-elles, comme en août, que les Etats-Unis offrent la sûreté maximale en tant qu’emprunteurs? Ou lui enlèveront-elles aussi ce statut?

Les 1.200 milliards de dollars de coupes budgétaires enclenchées par l’échec de la “super-commission” sont a priori une protection contre un abaissement de note.

Pour Nigel Gault, analyste d’IHS Global Insight, “les agences de notation pourraient s’abstenir de dégainer. Ce n’est pas qu’elles croient forcément que ces coupes auront lieu, mais juste qu’elles anticipent qu’un plan d’une taille équivalente sera conçu pour les remplacer”.

Troy Davig, de la banque Barclays, partage son avis. D’après lui, seule une loi supprimant les économies budgétaires automatiques comporterait “le risque de voir les agences de notation réévaluer la solvabilité des Etats-Unis”.

Or le président Barack Obama a annoncé lundi qu’il s’opposerait à toute atteinte à ces coupes automatiques, si besoin par un veto.

Moody’s est a priori la plus proche d’abaisser la note. Le 2 août, le jour où avait abouti le débat sur le plafond de la dette, cette agence avait changé la perspective à “négative”, contre “stable” auparavant.

Mais cela ne signifie pas forcément que la mauvaise nouvelle de l’échec de la “super-commission” va entraîner la perte du “Aaa”. Un porte-parole de Moody’s a indiqué mardi à l’AFP que l’issue des délibérations au sein de cette instance serait “utile à l’analyse de la note mais pas décisive”, et qu’une “incapacité à trouver un accord ne provoquerait pas par elle-même un changement de note pour l’Etat fédéral”.

Début novembre, l’agence avait expliqué qu’elle verrait un échec comme “une indication d’une probabilité moindre de voir des mesures de réduction du déficit importantes adoptées avant les élections de novembre 2012”.

Autrement dit, l’équilibre actuel des forces au Congrès devrait faire durer l’impasse encore un an. Ce constat ne permet pas de répondre directement à la question qui compte pour la notation: les Etats-Unis offrent-ils les meilleures garanties de remboursement possibles à un prêteur?

Quant à Fitch, elle avait maintenu en août la note “AAA”, assortie d’une perspective “stable”. A l’époque, a rappelé l’agence lundi, elle considérait qu’un échec de la super-commission “déboucherait probablement sur une action de notation négative, le plus probablement une révision de la perspective à ‘négative'”. Il faudrait d’abord passer par cette étape avant un éventuellement changement de note.

“Fitch prévoit maintenant de terminer son examen de la note de la dette souveraine des Etats-Unis d’ici à fin novembre”, a précisé l’agence lundi.