Areva s’engage à épargner les emplois français dans son plan stratégique

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ée le 7 novembre 2011 (Photo : Lionel Bonaventure)

[22/11/2011 17:09:14] PARIS (AFP) Le patron d’Areva, Luc Oursel, s’est engagé mardi auprès du gouvernement à épargner les emplois du groupe en France, au lendemain de la révélation par l’AFP d’un projet de suppression de plus de 1.000 emplois dans l’Hexagone.

Areva ne procèdera à “aucune suppression de poste, aucun plan de départs volontaires” et le plan stratégique que le groupe dévoilera le mois prochain n’aura “aucun impact sur les sites francais”, a déclaré le ministre de l’Economie, François Baroin, à l’issue d’une rencontre entre les deux hommes.

“Il n’y aura aucune décision qui concernera l’emploi comme une variable d’ajustement, quel que soit l’impact de la situation économique mondiale”, a-t-il ajouté. M. Oursel n’a fait de son côté aucun commentaire.

Malgré les démentis officiels d’Areva et du gouvernement aux informations de l’AFP, le président du directoire du groupe nucléaire public avait été convoqué mardi pour une réunion d’urgence avec M. Baroin et le ministre de l’Energie Eric Besson autour du plan stratégique du groupe.

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ésident du groupe nucléaire français, le 8 septembre 2011 à Tokyo (Photo : Toru Yamanaka)

Selon des sources proches du dossier, Areva (détenu à 87% par l’Etat français) avait prévu un total de 2.700 à 2.900 suppressions de postes en Allemagne (1.300), Belgique (160), Etats-Unis (200), mais aussi en France, via notamment un plan de départs volontaires.

Un document interne, dont l’AFP détient une copie, projetait “de réduire les effectifs des fonctions support (ndlr, services juridique, financier, communication, ressources humaines, etc) en France d’environ 1.000 à 1.200 personnes” (soit 4% de ses 28.000 employés dans le pays).

La division industrielle était globalement épargnée par le projet d’Areva. La version finale du plan stratégique du groupe doit être validée par le conseil de surveillance le 12 décembre et rendue publique le lendemain.

La controverse sur l’avenir d’Areva survient à quelques jours d’une visite du chef de l’Etat Nicolas Sarkozy vendredi dans l’usine du groupe au Tricastin (Drôme), où il doit prononcer un discours sur le nucléaire, en passe de devenir un thème majeur de la campagne présidentielle.

L’affaire a poussé Bercy à multiplier les interventions pour tenter d’apaiser l’inquiétude soulevée par le projet, dénoncé par la CFDT comme “un front” ouvert par la direction d’Areva contre les salariés.

“L’emploi ne sera pas une variable d’ajustement dans des plans où l’Etat aura son mot à dire (…) Ce qui s’applique pour Areva s’appliquera pour toutes les entreprises publiques”, a martelé le ministre de l’Economie devant l’Assemblée nationale juste avant sa rencontre avec M. Oursel.

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Areva en 2010

Areva, qui avait “démenti catégoriquement” le volet social français, est resté silencieux sur le reste des informations de l’AFP.

Le plan ne s’arrête pas aux réductions d’effectifs. Le groupe, dans le brouillard depuis la catastrophe de Fukushima, veut aussi ramener de 12 à 7 milliards d’euros les investissements prévus d’ici 2016 et procéder à d’importantes cessions.

Il veut vendre, entre autres, ses 26% dans le groupe minier Eramet (nickel, manganèse, alliages) qui valent au cours actuel environ 600 millions d’euros.

Objectif: parvenir dès 2013 à 500 millions d’euros d’économies annuelles, puis 750 millions d’euros d’ici 2015, soit 9% de ses coûts.

La poursuite de la trajectoire financière actuelle (trésorerie négative, lourde perte opérationnelle en 2010 et 2011, effectifs augmentant plus vite que le chiffre d’affaires…) “n’est pas tenable”, selon le document interne d’Areva.

Dans un courrier du mois d’août révélé par le site Owni, François Baroin lui-même avait fixé à Areva une “feuille de route” pour redresser ses comptes, qui se sont considérablement dégradés depuis cinq ans.