âtiment de Banque centrale européenne (BCE) à Francfort, le 17 octobre 2011 (Photo : Daniel Roland) |
[22/11/2011 20:06:11] BERLIN (AFP) La Commission européenne et ses partenaires européens s’emploient activement à convaincre l’Allemagne de baisser la garde pour adopter de nouveaux remèdes à la crise de la dette, avec l’espoir que des gages suffisants de discipline budgétaires suffiront à l’amadouer.
Le gouvernement allemand reste le principal obstacle à une intervention plus poussée de la Banque centrale européenne (BCE) sur le marché européen de la dette, intervention vue dorénavant par beaucoup comme la seule voie pour contenir la propagation de la crise.
Le Premier ministre français François Fillon a reconnu mardi, devant les députés de sa majorité, que convaincre l’Allemagne constituait “une difficulté majeure”, a rapporté une source proche du groupe UMP, des propos confirmés par son entourage.
Mais il a laissé entendre qu’une rencontre jeudi entre la chancelière allemande Angela Merkel, le président français Nicolas Sarkozy et le nouveau Premier ministre italien Mario Monti, qualifiée de “rendez-vous important”, pourrait apporter du nouveau.
Les dernières déclarations en provenance de Berlin ne sont toutefois pas très encourageantes.
Faire de la BCE le créancier de dernier recours des pays de la zone euro “ne marchera en aucun cas”, a répété la chancelière mardi.
“Beaucoup pensent qu’en demandant encore et encore, au final nous allons finir par faire ce que nous ne voulons pas faire”, a déclaré pour sa part son ministre des Finances Wolfgang Schäuble. Mais, la stabilité de la monnaie commune, garantie par l’indépendance de la BCE, est la raison d’être de la zone euro, selon lui.
Mme Merkel met régulièrement en garde contre la tentation de voir dans une intervention de la BCE un remède miracle, le coup de bazooka réclamé par le Premier ministre britannique David Cameron, auquel elle préfère des solutions de long terme qui “prennent le mal à la racine”.
Le commissaire européen Olli Rehn a abondé dans son sens dans un entretien à la presse française mardi. “On a souvent entendu dire que telle ou telle option constituait la panacée, qu’il s’agisse des euro-obligations, de la BCE ou de la restructuration de la dette grecque. Je crois qu’il nous faut travailler sur tous les fronts”, a-t-il dit.
M. Rehn a par ailleurs a promis d’attacher à la création d’éventuelles “euro-obligations”, titres de dettes communs aux pays de la zone euro, de strictes conditions de discipline budgétaire alors que la Commission européenne va présenter mercredi ses pistes de réflexion sur ce thème.
Mme Merkel a cependant jugé que la discussion était prématurée. “Si on doit la mener, cette discussion doit être menée à la fin” d’un processus d’intégration européenne plus poussée, a-t-elle répété mardi.
“Je ne trouve pas que ce soit le bon moment pour la mener, en pleine crise, comme si c’était une solution à la crise. Cela ne l’est pas”, a-t-elle ajouté.
Du côté de Bruxelles, on croit toutefois avoir décelé “du mouvement” dans la position allemande, selon une source haut placée proche de la Commission, mais ce “à condition que nous avancions sérieusement pour assurer le discipline budgétaire”.
Carsten Brzeski, analyste de la banque ING, veut d’ailleurs croire lui aussi que “le plus fort opposant aux eurobonds, l’Allemagne, est progressivement en train de changer de ligne”.
L’Allemagne “bougera dès l’instant où elle aura confiance dans (la) capacité (des pays européens) à gérer notre économie en commun”, a aussi assuré il y a quelques jours le commissaire européen français Michel Barnier.