Tunisie : Les projections démographiques du gouvernement (4)

Par : Tallel

La Tunisie est dans sa dernière phase de transition démographique, des changements sont donc attendus au niveau des facteurs démographiques et des répercussions directes sur de nombreux secteurs, dont principalement, les secteurs de l’éducation, de l’emploi, de la santé et de la sécurité sociale sont à prévoir. Il en est de même de l’impact de cette évolution de la population sur les ressources naturelles et l’espace géographique.

La population tunisienne a été de 10.549 mille habitants en juillet 2010. Elle a augmenté au cours de la période 2005-2010 à une moyenne de l’ordre de 1,30% par an contre 1,27% pendant la décennie 1994-2004 et 2,15% pendant la décennie l’ayant précédé. Le fléchissement du taux d’accroissement naturel de la population est le résultat de la baisse enregistrée au niveau des différents facteurs démographiques dont essentiellement les taux de mortalité et de naissance, et l’indice synthétique de fécondité.

La baisse remarquable du taux de natalité (17,7% en 2009 contre 22,7% en 1994) et de l’indice synthétique de fécondité (2,05 en 2009 contre 2,90 en 1994) s’explique par plusieurs facteurs dont essentiellement l’amélioration continue du niveau d’instruction de la femme et son intégration dans le marché de l’emploi, l’élargissement de la couverture sanitaire et sociale et le renforcement des prestations relatives à la santé reproductive. La baisse du taux de mortalité, confiné aux alentours de 6‰ actuellement, est due, pour sa part, au recul continu du taux de la mortalité infantile ainsi qu’à l’amélioration des prestations sanitaires préventives et curatives et de la qualité de vie en général.

Ces différents facteurs ont fait évoluer à l’espérance de vie à la naissance pour atteindre 74,6 années en 2010 contre 71,2 en 1994 et 73,4 en 2004.

En fonction des évolutions passées et des tendances futures basées sur un prolongement modéré de la baisse de la fécondité et une baisse importante du taux de mortalité infantile, les indicateurs relatifs à la population évolueraient comme suit :

– Le taux d’accroissement démographique naturel se stabilisera à 1,03%. La population serait de 11,6 millions d’habitants en 2019 soit une augmentation de 1,05 millions d’habitants entre 2010 et 2019.

– Le nombre de naissances passera de 175,9 mille en 2009 à 177,8 mille en 2016 et ce, contrairement au nombre de décès qui, lui atteindra 60,9 mille en 2016 contre 58,5 mille en 2009.

– Le groupe d’âge 60 ans et plus, représentera 11,8% du total de la population à l’horizon 2016 et 13,0% en 2019.

– La tranche d’âge de moins de 15 ans, doit, pour sa part, se stabiliser aux alentours de 22,5% du total de la population pendant la période 2009-2019.

– La population en âge d’activité qui constitue la tranche d’âge la plus large (15 – 59 ans), connaîtra un léger recul pendant les prochaines années en formant 64,5% de la population en 2019 contre 66,3% en 2009. Elle continue toutefois de représenter près de deux tiers de la population

Evolution de la structure de la population selon la tranche d’âge

L’évolution de la structure par âge de la population fait dégager trois préoccupations essentielles. La première se rapporte à l’accroissement de la part de la population en âge d’activité qui se traduit par une nette augmentation de la demande additionnelle d’emploi et par conséquent par des pressions de plus en plus lourdes sur le marché de l’emploi au regard de celles déjà exercées par les sans emplois et notamment ceux ayant des diplômes d’enseignement supérieur. Les demandes additionnelles d’emploi seraient d’au moins 80.000 en moyenne par an.

La deuxième préoccupation a trait à l’élargissement de la part de la population âgée de 60 ans et plus avec ce que cela implique comme pressions supplémentaires sur les secteurs de la santé et de la sécurité sociale surtout avec l’amélioration continue de l’espérance de vie à la naissance qui serait de 75,6 ans en 2015 et de 75,8 ans en 2019.

La troisième concerne la réduction ou la stabilisation de la demande en éducation, mais elle pose le problème de la qualité de l’éducation et de l’employabilité des sortants de ce dispositif.