Les problèmes de gouvernance, de transparence et de responsabilisation, publiques et privées, ont fortement handicapé le développement économique, social et humain en Tunisie, en constituant des entraves à l’investissement et en réduisant la capacité du pays à optimiser l’utilisation de ses ressources et à améliorer davantage les conditions de vie des citoyens. Ils ont par ailleurs engendré des situations intenables d’injustice et d’exclusion sociale et régionale. L’impact négatif de ces défaillances était d’autant plus grand que les problèmes de gouvernance avaient des origines politiques profondes plutôt qu’administratives, liées à l’absence de démocratie et de participation active des citoyens dans le processus de décision, au manque de transparence et la forte centralisation qui caractérisaient ce processus.
Le lien qui s’est établi entre l’argent et la politique et la mainmise d’individus liés au pouvoir sur des segments importants de l’économie, d’une part, et l’absence de contrôle de l’action publique de la part des médias et de la société civile d’autre part, ont rendu les possibilités de réforme de plus en plus difficiles ou même impossibles.
La performance économique et les résultats atteints par la Tunisie dans le domaine de développement humain sont dus beaucoup plus à la présence au sein de l’administration tunisienne de mécanismes internes de gouvernance et de responsabilisation qui ont contribué à la préserver et à renforcer son efficacité, que par l’utilisation de mécanismes politiques ou civils externes. Cependant, la Révolution Tunisienne a montré que les mécanismes propres de l’administration ne peuvent pas à eux seuls se substituer à l’absence de responsabilité sociale et de participation citoyenne, c’est-à-dire à l’absence des instruments politiques de la bonne gouvernance.
En conséquence, les actions de réforme dans le domaine de la gouvernance devront être axées sur l’ancrage des principes de démocratie, la consécration de l’efficacité de l’administration, l’amélioration de la gestion des ressources publiques et l’institutionnalisation de l’accès à l’information.
Les réformes devront également concerner les institutions et le cadre juridique régissant les marchés et le secteur privé en vue de lever les barrières limitant la concurrence et l’accès libre aux différents secteurs économiques et supprimer les pratiques discrétionnaires ou arbitraires dans l’application des réglementations.
Ces réformes doivent être accompagnées par des mesures renforçant la transparence et les bonnes pratiques au sein des entreprises du secteur privé, ainsi que la responsabilité sociale de celles-ci.