ège de la Banque de Grèce, le 9 novembre 2011 (Photo : Louisa Gouliamaki) |
[23/11/2011 14:47:47] ATHENES (AFP) La Grèce doit choisir entre une “descente incontrôlée” et un “effort total”, a averti solennellement mercredi la Banque de Grèce (BdG), selon laquelle le deuxième plan d’aide décidé par la zone euro fin octobre constitue “probablement la dernière chance” pour le pays.
“Cette nouvelle chance donnée à la Grèce est probablement la dernière”, a affirmé la BdG dans un rapport sur la politique monétaire déposé au Parlement.
Elle craint l’éventualité d’un défaut de paiement “incontrôlé” du pays si les mesures prévues par le plan européen ne sont pas mises en oeuvre et réalisé très vite.
Le “maintien du pays dans la zone euro” est “en jeu”, affirme le rapport, en soulignant que la période actuelle “est la plus critique pour la Grèce depuis la Seconde guerre mondiale”.
La BdG rappelle régulièrement à l’ordre la classe politique, les responsables économiques ou les partenaires sociaux grecs devant la montée des périls qui pèsent sur le pays, menacé de défaut de paiement sur sa dette avant la fin de l’année.
La Grèce a le choix entre une “descente incontrôlée” qui “saperait la plupart des réalisations des décennies passées, ferait sortir le pays de la zone euro, ferait reculer le niveau de vie de la Grèce” et “un effort total dans la zone euro, en coopération étroite avec nos partenaires européens et la communauté internationale pour atténuer le choc, raccourcir la difficile période d’ajustement et poser des fondations solides pour restructurer l’économie et retrouver la croissance”, explique le rapport.
“De nouveaux retards” ou le non-respect des objectifs “doivent être évités de toutes les manières possibles”, indique le texte en demandant que tous les efforts soient faits au contraire pour “dépasser les objectifs” tant en matière d’assainissement budgétaire (réduction des dépenses publiques, augmentation des rentrées fiscales, NDLR) qu’en matière de réduction de la dette via les privatisations ou de relance économique.
à Bruxelles (Photo : Georges Gobet) |
Les dirigeants de la zone euro ont mis au point les 26 et 27 octobre un deuxième plan d’aide à la Grèce comportant un volet d’effacement de dette de 100 milliards d’euros négocié en ce moment avec les banques privées, un nouveau prêt de 100 milliards d’euros et 30 milliards pour la recapitalisation des banques.
Ce plan est assorti d’une stricte poursuite de la politique de rigueur et d’un contrôle accru sur la politique budgétaire du pays.
“Jusqu’à présent, le rythme et le degré de mise en oeuvre des politiques ont échoué à convaincre les marchés et l’opinion publique que la Grèce est en route pour réaliser les objectifs fixés”, estime la Banque.
Selon elle, le “déficit de crédibilité” de la Grèce tient au fait que les réformes économiques ont été conduites de façon “parcellaire, indécise, avec des retours en arrière et des retards, et plutôt en suivant les événements qu’en les précédant”.
Le nouveau gouvernement d’union nationale en Grèce est dirigé par Lucas Papademos, ex-gouverneur de la BdG et ex vice-président de la BCE. Soutenu par trois partis (socialiste, droite et extrême droite), il a été chargé d’assurer la suite des réformes à mener pour mettre en oeuvre le deuxième plan d’aide à la Grèce.
Avant que ce plan n’entre en action, le pays a besoin de s’assurer de façon urgente le versement d’une tranche d’aide de huit milliards auprès de ses partenaires, due avant la mi-décembre, pour lui éviter la faillite.
Pour marquer sa bonne volonté, le nouveau gouvernement essaie de faire voter avant le 8 décembre par le parlement son projet de budget pour 2012, comportant une série d’économies budgétaires et de nouvelles rentrées fiscales.
Mais mercredi, des chiffres officiels portant sur les revenus fiscaux des dix premiers mois de l’année, montrent qu’ils restent en baisse de 4% par rapport à la période comparable de 2010 — en raison notamment des grèves — tandis que les dépenses de l’Etat ont progressé de 5,8%.
La BdG réitère les sombres prévisions économiques pour 2012, avec une récession qui doit se poursuivre pour la cinquième année consécutive, la reprise de la croissance du PIB n’étant pas attendue avant 2013, et très modérée (moins de 1%).