Inde : le groupe Tata fait fi de la priorité familiale pour gouverner

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ésident de Tata, arrive au siège du conglomérat à Mumbai le 24 novembre 2011 (Photo : Indranil Mukherjee)

[24/11/2011 09:11:01] BOMBAY (AFP) Le vaste conglomérat indien Tata a décidé de ne pas confier l’avenir du groupe à un membre de la famille après la retraite de Ratan Tata, un choix qui tranche avec l’habituel privilège des héritiers au sein des autres grands groupes industriels du secteur privé.

Le demi-frère du président actuel, Noël, était considéré comme le favori dans la course à la succession en décembre 2012 de Ratan Tata, 73 ans, mais les clés du navire ont été confiées mercredi à l’un des dirigeants du conglomérat, un jeune industriel de 43 ans, Cyrus P. Mistry.

Même si son nom n’avait jamais été évoqué lors des intenses spéculations précédant la nomination, il n’est pas pour autant un étranger sorti de l’ombre.

Dans le milieu des affaires, la famille Mistry est proche du clan Tata depuis des années et Cyrus est un lointain parent par alliance de Ratan via le mariage de sa soeur avec Noël.

Il sera toutefois le premier président du groupe à ne pas appartenir au premier cercle de la famille Tata, qui dirige depuis 143 ans le groupe éponyme.

Le patron de la Confédération indienne de l’industrie (CII), Chandrajit Banerjee, a salué la nomination de Cyrus P. Mistry, la qualifiant de “choix exemplaire (qui) qui en dit long sur les règles de gouvernance” au sein de Tata Sons, la holding à la tête du conglomérat.

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ée, le 19 septembre 2011 à Mumbai (Inde) (Photo : Punit Paranjpe)

“La CII loue la direction de Tata Group pour avoir mis en place des normes qui pourraient être prises pour modèle par les grandes sociétés”, a-t-il déclaré dans un communiqué.

En Inde, les entreprises familiales sont légions, qu’il s’agisse de petits commerces ou de grands conglomérats comme le groupe d’énergie et de télécommunications Reliance ou encore le groupe sidérurgique et énergétique Essar.

L’industrie cinématographique de Bollywood illustre aussi la prédominance du droit du sang ou du nom. Acteurs, producteurs et directeurs sont très souvent liés par mariage ou par descendance.

Les dynasties familiales dominent aussi le monde politique, à l’image des Nehru et des Gandhi.

La tendance ne s’est pas démentie au cours des dernières années: de jeunes dirigeants portant le nom de famille de grands groupes privés ont fait leur entrée dans le monde des affaires, souvent après avoir décroché de coûteux diplômes à l’étranger.

En février, Akash Ambani se tenait au côté de son père Mukesh, le président du plus grand groupe privé Reliance Industries, lors de la signature d’un contrat de plusieurs milliards de dollars avec BP.

La présence de cet étudiant de 19 ans a été perçue comme un indice de son futur rôle au sein du groupe.

Rishad Premji, le fils du patron de Wipro Azim Premji, apprend de son côté les rudiments du métier en tant que nouveau responsable de la stratégie du géant informatique.

Rahul Tawar, dont le grand-père avait fondé la firme immobilière DLF, travaille aujourd’hui comme stagiaire au sein du groupe.

Siddharth Mallya, lui, endosse davantage de responsabilités dans le groupe de son père Vijay, le conglomérat UB Group qui dirige la compagnie aérienne Kingfisher.

Après avoir fait ses gammes au sein de groupes tels que Diageo, il est aujourd’hui un dirigeant de l’équipe de cricket appartenant à sa famille, la Bangalore Royal Challengers.

Mais placer ses enfants à la tête des affaires familiales ne permet pas toujours d’éviter les déboires.

Mukesh Ambani et son frère cadet, Anil, se sont ainsi déchirés pendant cinq ans au sujet du partage et du contrôle de l’empire de leur père défunt, Dhirubhai, mort en 2002 sans laisser de testament.