Les politiques d’intégration mises en oeuvre en Tunisie depuis le début des années 70 et renforcée depuis le milieu des années 90, notamment dans le cadre de la coopération euro-méditerranéenne, ont eu un impact positif important sur l’investissement étranger et l’exportation permettant à la Tunisie d’être le premier pays exportateur et récepteur des IDE hors énergie. Cette politique à eu également un impact positif sur l’emploi; les emplois dans le secteur offshore ont augmenté de 10.000 en 1980, à 70.000 en 1990 et à 300.000 aujourd’hui, représentant 55% de l’emploi dans l’industrie manufacturière et 8% de la population active occupée.
Cependant, le niveau et la structure de la croissance générée par cette intégration n’ont pas permis de résorber les flux croissants des demandeurs d’emplois, notamment celui des diplômés du supérieur, en raison notamment de l’approche préférentielle que la Tunisie a choisie pour intégrer l’économie mondiale. Cette approche préférentielle a concerné aussi bien les partenaires et les marchés, que les secteurs et les produits. Cette politique a entrainé des distorsions reflétées par des écarts importants au niveau des tarifs et une dichotomie entre les secteurs. Cette dernière a été à l’origine des écarts de productivité entre les secteurs, atteignant jusqu’à 50% entre les activités exposés à la concurrence comme les industries exportatrices et les secteurs «protégés» comme les services domestiques.
En outre, bien que la Tunisie offre des services logistiques parmi les meilleurs de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, elle souffre encore d’un retard certain par rapport à des pays comme la Turquie et les pays de l’Europe centrale qui ont bénéficié du rapprochement réglementaire et institutionnel avec l’Union européenne.
L’accélération de la croissance à travers l’accroissement de l’investissement et des exportations nécessitera des réformes majeures au niveau de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et du secteur financier, ainsi qu’un effort d’investissement important en infrastructure. Mais elle exigera en même temps l’approfondissement de l’intégration à l’économie mondiale selon une approche globale favorisant la compétitivité de tous les secteurs économiques à travers l’accroissement de la productivité et ouvrant des perspectives plus importantes pour augmenter l’investissement et développer les exportations.