Taxe immobilière : les Grecs paient, le syndicat de l’électricité bataille

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ée de la société publique Electricité de Grèce, à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

[24/11/2011 14:42:14] ATHENES (AFP) La file d’attente serpente et s’enroule en face de quinze guichets derrière lesquels des employés accumulent d’impressionnantes liasses de billets de 50 euros: les Grecs affluent en masse pour payer la nouvelle taxe immobilière. Et râlent.

“Ceux qui peuvent paient, ce n’est pas juste de dire que les Grecs ne paient pas leurs impôts”: sa quittance bleue et rouge à la main, Philippos, 23 ans, qui ne souhaite pas donner son nom de famille, est venu régler la facture de ses parents.

“Les gens ont des difficultés en ce moment, en raison des baisses de revenu dans les familles, dues aux mesures d’austérité, à la crise, et à la situation générale du pays”, explique cet étudiant en journalisme qui effectue actuellement son service militaire à Chypre.

Constat confirmé un peu plus loin dans la file d’attente par Socrates, la trentaine, qui a attendu une demi-heure pour acquitter 245 euros couvrant le montant de sa consommation d’électricité pour deux mois et un premier versement de la taxe sur la propriété immobilière. “C’est dur, car je viens d’être licencié d’une compagnie pétrolière il y a un mois”.

La création de cette nouvelle taxe en septembre par un gouvernement aux abois, sommé par les créanciers du pays de remplir les caisses vides de l’Etat, a créé un choc.

Dans ce pays où le foncier et l’immobilier étaient peu imposés, plus de 70% des habitants sont propriétaires de leur logement -un des taux les plus élevés d’Europe- et sont donc soumis à cette nouvelle taxe, à raison de 0,5 à 16 euros par mètre carré, en fonction de l’usage et de la localisation du bien.

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” (Photo : Louisa Gouliamaki)

Devant l’incapacité du fisc à assurer sa mission de collecte de l’impôt, le précédent gouvernement socialiste dirigé par Georges Papandréou a confié la perception de la nouvelle taxe à la société publique Electricité de Grèce (DEI), via les factures d’électricité.

Ce mode de perception original a constitué un casus belli pour le puissant syndicat d’Electricité de Grèce, Genop, qui ferraille par ailleurs contre la privatisation annoncée du groupe public, après avoir soutenu M. Papandréou et le Pasok (parti socialiste) dans son accession au pouvoir en 2009.

Sur le plan politique et médiatique, la bataille contre la taxe immobilière est aussi menée par l’opposition de gauche, communiste et radicale, qui réclame sa suppression, tandis que Genop a tenté de s’opposer en vain à l’envoi des factures.

Depuis le début de la semaine, des syndicalistes du Genop occupaient en banlieue nord d’Athènes les bureaux de la DEI chargés de l’envoi des préavis de coupure de courant aux mauvais payeurs de cette taxe.

Mais jeudi matin, la police est intervenue pour mettre fin à l’occupation, interpellant une quinzaine de syndicalistes dont leur président, Nikos Fotopoulos.

Le syndicat du secteur privé GSEE et le syndicat communiste Pame ont immédiatement condamné les interpellations.

Face à la contestation, le gouvernement a toutefois lâché un peu de lest. Outre les chômeurs de longue durée, d’autres catégories sociales devraient être exemptés du paiement de la taxe, comme les personnes âgées et les handicapés à faibles revenus.

Selon le secrétaire du syndicat Nikos Katsaros, près de 50% des foyers grecs n’ont jusqu’ici pas payé la taxe, mais la presse grecque évalue le nombre des non-payeurs à 25% seulement.

Dans la file d’attente, Socrates, son casque de moto sous le bras, livre son analyse: “les gens paient parce qu’ils ont peur”. “Personne n’a le temps de discuter avec le gouvernement et d’aller en justice”.