La Tunisie a réussi jusqu’ici à assurer un financement équilibré de l’économie grâce à la gestion macro-économique et la maîtrise du déficit du budget de l’Etat. Celui-ci est contenu aux alentours de 3% du PIB. De même, la dette publique est limitée à moins de 40% du PIB. Par ailleurs, l’épargne nationale couvre plus de 70% des besoins de financement et les investissements directs étrangers plus de 50 des ressources extérieurs.
Le contexte post révolutionnaire devra cependant connaitre un accroissement important des besoins de financement de l’économie particulièrement nécessaires pour la relance de la croissance et l’accélération de l’investissement dans les secteurs productifs, les infrastructures et les équipements collectifs notamment dans les régions défavorisées. Dans ce contexte, l’économie nationale se trouve confrontée à un double handicap ; d’une part une épargne insuffisante et d’autre part l’exacerbation des conditions de mobilisation des ressources du financement externe.
En effet, la prochaine période sera marquée par la persistance des pressions exercées sur les ressources d’épargne nationale, en raison de la rétraction prévisible de l’épargne institutionnelle en relation avec l’accroissement des dépenses budgétaires récurrentes et des charges additionnelles au titre de la compensation et des transferts sociaux ainsi que la baisse des réserves des caisses sociales.
En parallèle, les conditions de mobilisation des ressources financières extérieures sous forme d’emprunts ou d’investissements directs étrangers seront affectées par la réticence des investisseurs et la dégradation de la notation du pays liée aux perturbations politiques et sécuritaires outre la persistance de l’instabilité des marchés financiers internationaux.
En parallèle, les conditions de mobilisation des ressources financières extérieures sous forme d’emprunts seront affectées par l’instabilité des marchés financiers internationaux et le durcissement des conditions d’emprunt. D’un autre coté, le drainage des investissements directs étrangers sera touché par la dégradation de la notation du pays.
Par ailleurs, les performances du système financier au plan national restent en deçà des attentes des promoteurs et opérateurs économiques et ne cadrent pas avec les besoins des nouvelles orientations qui nécessiteront un effort accru pour accélérer l’investissement et soutenir le développement économique et social. Dans ce cadre, il y a lieu de souligner l’inadéquation des prestations bancaires avec les besoins de plus en plus importants des grands projets, les difficultés d’accès au financement pour les PME et les nouveaux promoteurs et l’exclusion financière touchant les couches sociales à faible revenu. Cette dernière contrainte constitue particulièrement un problème majeur en raison de l’insuffisance et de l’inadéquation des produits financiers offerts par le système bancaire à cette catégorie sociale et des lacunes dont souffre encore l’activité de la microfinance: insuffisance du cadre légal et règlementaire adéquat, manque d’un système de gouvernance approprié et absence du professionnalisme des acteurs et des normes prudentielles et d’évaluation des risques.
De même, le secteur bancaire national demeure sous pression du niveau relativement élevé des créances accrochées, des exigences en matière de qualité des prestations et de mode de gestion et de gouvernance des banques.
Il importe de signaler également le rôle encore limité du financement direct via le marché financier et l’insuffisance des instruments de financement participatif, notamment les fonds d’investissements appelés à jouer un rôle primordial dans la période à venir. En outre, la place financière reste marquée par le faible niveau de couverture par les services de garanties et d’assurances en dépit des besoins des agents économiques.