Vue de Rio de Janeiro, en octobre 2011 (Photo : Yasuyoshi Chiba) |
[25/11/2011 07:41:42] RIO DE JANEIRO (AFP) Afeida Ghaleb, 33 ans, ne regrette pas d’avoir quitté la France en juillet pour tenter l’aventure au Brésil, pays moteur de l’Amérique latine, qui attire de plus en plus d’Européens en quête d’opportunités.
“Je sens que j’ai échappé à la crise en Europe. Je suis de double culture (franco-arabe) et j’avais envie d’une expérience à l’international”, a déclaré à l’AFP la jeune Française qui a passé dix ans dans une entreprise d’agro-alimentaire en grande banlieue de Paris.
Embauchée chez Michelin à Rio de Janeiro avec un contrat local, elle explique qu’au Brésil, “c’est plus ouvert, on n’est pas catalogué. La France malheureusement, ne valorise pas la diversité”.
Septième économie du monde, le géant sud-américain a connu une hausse du PIB de 7,5% en 2010 et table cette année sur une croissance de 3,5%, supérieure à la moyenne mondiale. Son taux de chômage a baissé à 6% cette année, le plus bas depuis 2002.
à Rio de Janeiro, le 16 novembre 2011 (Photo : Antonio Scorza) |
Contrairement aux Européens de plus en plus nombreux à arriver et qui se heurtent au problème du permis de séjour, Afeida a obtenu avec Michelin “un visa de deux ans renouvelable”.
Arrivé début octobre en touriste, Alejandro, un Espagnol de 33 ans, n’a pas cette chance et vit de petits boulots comme DJ ou guide dans les favelas: “Avec la crise et le chômage en Espagne, j’avais besoin de changer d’air, d’une ville avec la plage et le soleil. Il faut aller où les choses vont mieux. Mais mon visa expire dans un mois et demi”, a dit ce Madrilène à l’AFP. Il deviendra “illégal” s’il n’arrive pas à renouveler son visa pour trois mois encore, le maximum permis.
Comme Afeida, Alejandro “partage un appartement en colocation” dans le quartier chic d’Ipanema. Ces nouveaux arrivants, à leur grande déconvenue, font face à l’explosion des prix dans le pays, tirés par la bonne santé de l’économie et l’accueil de la Coupe du monde de football en 2014 et des jeux Olympiques en 2016.
Selon le ministère de la Justice, le nombre d’étrangers en situation régulière a augmenté de plus de 50% de janvier à juin, passant de 962.000 à 1,5 million et ne cesse de croître, Portugais en tête aidés par la langue commune.
De décembre 2009 à juin 2011, les Portugais sont passés de 277.000 à 329.000 et les Espagnols de 58.500 à près de 81.000. Les Français de 16.500 à 17.800.
Mais les autorités estiment aussi à plus de 600.000 le nombre d’immigrants en situation irrégulière, en augmentation constante. De ce total, 40% sont Boliviens suivis par les Chinois (13%).
“En Europe, le Brésil est vu comme une terre d’opportunités”, a déclaré à l’AFP la directrice de la Chambre de commerce espagnole de Sao Paulo, Nuria Pont.
Cette augmentation est due non seulement à la crise en Europe, mais à la demande énorme du Brésil, selon elle.
“Il y a quarante millions de nouveaux consommateurs -presque la taille de l’Espagne- qui sont sortis de la misère et le marché brésilien n’arrive pas à satisfaire la demande”, a-t-elle expliqué.
“Il manque huit millions de professionnels qualifiés – comme des ingénieurs – que les universités brésiliennes mettront cinq ou six ans encore à former”, a-t-elle ajouté.
Le jeune architecte espagnol David Galipienzo, qui implante un projet immobilier à Rio, témoigne: “en Espagne, on est tombé de 800.000 logements par an à moins de 100.000. Ici, la demande ne cesse d’augmenter”, a dit David.
L’économie brésilienne en plein boom, avec la création de 2,5 millions d’emplois en 2010, associé à la crise dans les pays riches, a fait que légion de Brésiliens qui avaient émigré dans les années 90 aux Etats-Unis, au Japon et en Europe sont revenus au pays.
De 2005 à 2011, le nombre de Brésiliens vivant à l’étranger a chuté de moitié, de quatre millions à deux millions, selon les chiffres officiels.