Personne n’en doute: les entreprises, qu’elles soient nationales ou étrangères, souffrent le martyr aujourd’hui en Tunisie. Mais c’est à ces dernières que l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) a choisi de donner la parole, jeudi 24 novembre 2011. En collaboration avec les Chambres mixtes, la centrale patronale a convié les représentants de ces entreprises venues du reste à une réunion –sur «la situation et les perspectives des entreprises étrangères installées en Tunisie»- à mi-chemin entre la catharsis collective, pour exposer les problèmes rencontrés, et le brain-storming, en vue de formuler des propositions pour les surmonter.
Des témoignages sur le calvaire vécu au quotidien depuis le 14 janvier 2011 mènent à la conclusion que même si la révolution les a accentués –le nombre des grèves sauvages a progressé de près de 30%, passant de près de 240 avant la révolution à plus de 320 en 2011-, les problèmes sont pour la plupart antérieurs au Tsunami politique que la Tunisie a connu il y a dix mois.
Selon Khélil Ghariani, président de la Commission sociale de l’UTICA, cette situation est imputable en partie à la concurrence que se livrent l’UGTT et les deux nouveaux syndicats entrés sur la scène au cours des derniers mois et à l’absence de véritable dialogue social sous l’ancien régime. Puisque, souligne le responsable du dossier social à la centrale patronale, le gouvernement et l’administration se chargeaient de mettre d’accord les partenaires –sous-entendu par la contrainte.
Donc, la situation actuelle présente au moins un avantage pour l’entreprise et les travailleurs: «le dialogue va être désormais plus libre».
L’UTICA voudrait donc, elle aussi, prendre ces dernières sous son aile protectrice. «Désormais, cette maison est la vôtre», a lancé aux investisseurs étrangers, Wided Bouchamaoui.
Sans tomber dans un optimisme béat, la présidente de l’UTICA s’est efforcée de calmer un tant soit peu les appréhensions des interlocuteurs. «Aujourd’hui, avec la naissance de l’Assemblée nationale constituante et la formation du nouveau gouvernement, la transition démocratique de la Tunisie est entamée mais, il faut l’avouer, la situation est encore exceptionnelle, du moins pour quelques temps encore».
Surtout, elle a souligné que «la visibilité à laquelle nous aspirons tous a fait l’objet d’un échange approfondi avec les principales forces politiques» et que «les assurances quant aux choix économiques, à la place de l’entreprise dans le projet de société, me semblent suffisamment évidentes pour qu’elles soient confirmées sur le terrain dans l’intérêt de tous. Pouvoirs publics en premier lieu».
Mais admettant que «notre tâche n’est pas du tout aisée, compte tenu des perturbations, des difficultés et des interrogations qui peuvent surgir ici et là», Wided Bouchamaoui se demande si ce n’est pas là «quelque part le prix à payer pour que nos entreprises puissent évoluer dans un environnement assaini et détaché de toute ingérence, influence et de clientélisme». Un point de vue que n’est pas loin de partager Norbert de Guillebon. A une question d’un grand industriel fabricant de stylo –Bic en l’occurrence- qui demandait de lui donner une seule raison de préférer la Tunisie au Maroc pour l’implantation d’un projet, ce conseiller commercial français vivant depuis 24 ans dans notre pays a répondu qu’il «valait mieux avoir la révolution derrière que devant soi».
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