La Thaïlande compte les pertes de son économie naufragée

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à Ayutthaya, le 19 novembre 2011 (Photo : Pornchai Kittiwongsakul)

[25/11/2011 09:18:54] AYUTTHAYA (Thaïlande) (AFP) Des Thaïlandais parcourent fébrilement les annonces d’emplois affichées sur un mur. Après des semaines de chômage, ils seraient près à faire n’importe quoi, mais le royaume inondé depuis juillet peine à faire redémarrer son économie.

Les pires inondations depuis des décennies ont fait plus de 600 morts et affecté des millions de personnes, principalement dans le nord et le centre du pays.

A Ayutthaya, une des provinces les plus durement touchées, à 80 kilomètres au nord de Bangkok, des centaines de milliers de personnes se sont retrouvées au chômage technique lorsque les zones industrielles ont été submergées.

Beaucoup d’entreprises ont pu continuer à payer les salaires, d’autres ont accordé une prime de licenciement, mais certains ont eu moins de chance.

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ée à Ayutthaya, le 8 novembre 2011 (Photo : Pornchai Kittiwongsakul)

“Je n’ai reçu aucun salaire parce que j’avais commencé à travailler seulement deux jours avant les inondations”, raconte Supranee Kongsomkaew, 23 ans, venue en quête de travail au bureau provincial de l’emploi d’Ayutthaya.

Et la jeune femme devra probablement attendre pour trouver une place.

Car la zone industrielle Rojana, où des entreprises comme Honda ou Hitachi employaient des milliers de personnes, était toujours noyée sous un mètre d’eau jeudi.

Le niveau a certes baissé, après avoir atteint près de trois mètres à la mi-octobre, mais les ateliers ne devraient pas être totalement au sec avant début décembre.

Les autorités ont déjà révisé deux fois les prévisions de croissance pour cette année, et tablent désormais sur une augmentation de 1,5% du PIB, contre 3,5 à 4% avant la catastrophe.

Thanawat Poliwichai, directeur du centre de prévisions économiques à l’université de la Chambre de commerce thaïlandaise, évoque de son côté un manque à gagner de 450 milliards de bahts (10,7 milliards d’euros) en terme de croissance. Et une facture des dégâts de 16 milliards d’euros.

“Cela va continuer à coûter cher encore l’an prochain, parce que les usines ne vont pas pouvoir reprendre la production probablement avant février”, insiste-t-il.

Le désastre a également perturbé la production mondiale dans les secteurs automobile ou informatique en raison notamment d’une pénurie de pièces détachées.

Honda n’a pas encore évalué les dégâts de son site de Rojana, où des rangées de centaines de voitures dont n’émerge que le toit continuent de rouiller dans une eau noirâtre. Mais le groupe japonais s’interroge sur l’organisation de sa production.

“Est-ce préférable de répartir la production sur plusieurs sites, dans plusieurs pays, ou bien faut-il continuer de concentrer nos sites de production et de tout exporter ? Nous allons devoir discuter et y réfléchir”, a expliqué à l’AFP Hideto Maehara, responsable du groupe en Asie.

Les multinationales ne sont pourtant pas les seules à souffrir.

A l’usine Solar Power Technology, qui fabrique des panneaux solaires dans la banlieue de Bangkok, les salariés avaient surélevé les équipements. Mais l’eau est montée plus haut qu’ils ne l’avaient anticipé et les machines gisent désormais sur le sol, hors d’usage.

“Nous avons déjà envoyé des gens au Japon acheter de nouvelles machines”, indique son directeur général, Boriwat Chim Charee, qui estime les dégâts à au moins 30 millions de bahts (plus de 700.000 euros).

Pour les petites entreprises, la reprise dépendra de la vitesse à laquelle les banques débloqueront des prêts et des mesures de relance qui seront mises en place.

Malgré la catastrophe, certains ont toutefois réussi à tirer leur épingle du jeu. Comme cet habitant du nord de Bangkok qui a acheté un bateau et ouvert un service de taxi aquatique. Très florissant.