Ginette Hénaff, infatigable ambassadrice de sa boîte depuis 35 ans

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énaff, directrice des relations internationales de la conserverie Hénaff, le 7 novembre 2011 à Pouldreuzic (Photo : Fred Tanneau)

[25/11/2011 13:43:22] POULDREUZIC (Finistère) (AFP) Infatigable ambassadrice du pâté Hénaff dans le monde depuis les années 1970, Ginette Hénaff reste à 70 ans l’incontournable directrice des relations internationales de la conserverie bretonne, où elle était entrée pour voir un peu plus son patron de mari.

“A mes débuts, en 1976, l’export représentait une part négligeable de l’activité. Aujourd’hui, c’est jusqu’à 10% du chiffre d’affaires”, indique cette septuagénaire énergique, qui multiplie les interventions en écoles de commerce et a été nommée vice-présidente du Conseil du commerce extérieur.

Son bureau au siège de l’entreprise familiale de Pouldreuzic (Finistère, ouest de la France), à une encablure des lignes de production d’où sortent 35 millions de boîtes par an, témoigne de ses voyages sur les cinq continents, avec notamment des plaquettes Hénaff en chinois et en vietnamien.

“Au départ, ce n’était pas facile, d’autant que j’étais pratiquement la seule femme dans un univers d’hommes”, souligne Ginette Hénaff, qui raconte avec délectation un rendez-vous d’affaires au Japon où son interlocuteur ne s’adressa qu’à son accompagnateur masculin, avant de réaliser sa méprise.

Leader sur le marché français des pâtés et rillettes appertisés, la société de 215 salariés, créée en 1907, a réalisé un chiffre d’affaires de 40,7 millions d’euros en 2010 (+2,3%). Mais si elle est distribuée dans 50 pays et a pu afficher “Paris. New-York. Pouldreuzic” dans une campagne de pub, c’est en grande partie à “Mme Hénaff” qu’elle le doit.

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énaff, directrice des relations internationales de la conserverie Hénaff, le 7 novembre 2011 à Pouldreuzic (Photo : Fred Tanneau)

Née en 1941 à Paris où son père, Breton d’origine, était directeur de fabrication dans une carrosserie industrielle, Ginette Kersalé ne se destinait pas aux affaires mais au professorat.

Après son mariage en 1969 avec Jean-Jacques Hénaff, rencontré dans un cercle d’étudiants bretons de la capitale et futur dirigeant de la société, elle enseigne plusieurs années l’allemand.

En 1976, l’entreprise a abandonné la conserverie de légumes pour axer tout son développement sur son célèbre pâté de viande de porc. “Mon mari allait en Allemagne pour des foires et je parlais allemand… Je me suis intéressée à l’activité et comme cela me permettait de le voir davantage, j’ai franchi le pas”, explique-t-elle.

Outre l’Allemagne, elle décroche rapidement un marché en Grande-Bretagne. “A partir de là, le Commonwealth nous tendait les bras”. Débutent les voyages lointains pour faire découvrir un produit parfois totalement inconnu: “A Singapour, le pâté s’est retrouvé au rayon confitures”.

La conquête de nouveaux marchés implique la création de nouveaux produits, “dont beaucoup ont ensuite été commercialisés en France”. Ginette Hénaff concocte de nouvelles recettes. “Je les faisais goûter à mes deux enfants. Ils en avaient ras-le-bol”.

Les succès à l’export valent à l’entreprise des visites inattendues. Comme celle de “la DST, dans les années 1980, qui s’étonnait de voir des camions immatriculés en URSS et en RDA rôder autour de l’Ile-Longue (la base de sous-marins nucléaires, à 60 km) avant de prendre leur livraison”.

Aujourd’hui, les principaux marchés visés par Hénaff se situent dans les pays émergents d’Amérique latine. La Chine? “Je regarde. Mais ils ne mangent pas de conserves”. L’Inde? “Nous avons renoncé, car ils n’acceptent pas que notre usine travaille aussi du boeuf”.

Car, souligne Mme Hénaff, l’export de produits carnés reste un domaine “en constante évolution, où rien n’est jamais acquis: les pays cherchent constamment à créer des barrières” à l’importation. Ce n’est qu’en 2008 que la société a recouvré son agrément pour les Etats-Unis, supprimé en 2003 comme pour dix autres exportateurs français.

Pour Jean-Jacques Hénaff, qui a remis en 2010 les rênes de la société à son fils Loïc, 40 ans, Ginette Hénaff “a su trouver les opportunités de croissance à l’étranger en étudiant les habitudes alimentaires et en nouant des relations fidèles avec les importateurs”. “Pour finir, elle a fait de moi son assistant”, sourit-il.