Un an après un plan d’aide international, l’Irlande sort du gouffre

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à Dublin (Photo : Miguel Riopa)

[25/11/2011 14:45:48] DUBLIN (AFP) Un an après avoir conclu un plan d’aide international de 85 milliards d’euros, l’Irlande semble sortie du gouffre et s’offre même le luxe d’être citée en exemple par ses partenaires européens, un compliment acquis au prix de nouvelles mesures d’austérité pour la population.

A l’issue d’une réunion convoquée de toute urgence un dimanche soir à Bruxelles, l’Irlande devenait le 28 novembre 2010 le deuxième pays européen, après la Grèce et avant le Portugal, à bénéficier d’un tel plan de sauvetage.

Un an plus tard, Dublin peut s’enorgueillir d’une série d’améliorations spectaculaires: son déficit public, abyssal en 2010 (32% du produit intérieur brut), sera trois fois moindre cette année; son secteur bancaire à l’origine du naufrage budgétaire a été totalement restructuré; la croissance est repartie en légère hausse après trois années consécutives de récession.

Pour la chancelière allemande Angela Merkel, l’Irlande est devenue un “superbe exemple” d’un sauvetage bien mené.

Ses bailleurs, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne, lui ont adressé le mois dernier leur quatrième satisfecit d’affilée, en saluant la mise en oeuvre “résolue” du programme de redressement économique signé en échange de leur aide.

Ce programme, dont les termes draconiens ont été d’abord considérés comme une humiliation par les Irlandais, a coûté son poste au Premier ministre, Brian Cowen, dont le parti, le Fianna Fail, a été balayé lors d’élections législatives anticipées en février dernier.

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à vendre à Dublin le 20 juillet 2009 (Photo : Miguel Riopa)

Son successeur, Enda Kenny (centre-droit), a pourtant repris à son compte le plan signé quelques mois plus tôt, offrant ainsi à l’Irlande un atout essentiel aux yeux des marchés comme de la communauté internationale: un large consensus politique. Un consensus qui a aussi porté sur le maintien d’un impôt des sociétés au taux très attirant de 12,5%, malgré les pressions de la France et de l’Allemagne pour le relever.

Contrairement à la Grèce ou au Portugal, le pays a été épargné par les manifestations de rues en dépit de mesures d’austérité tout aussi sévères, dont la baisse hautement symbolique du salaire minimum.

“On peut évidemment se demander pourquoi la population reste aussi passive”, relève Michael Marsh, professeur en sciences sociales au Trinity College de Dublin.

Pour lui, les Irlandais sont avant tout résignés, après plusieurs années de crise économique aiguë marquées par autant de plans de rigueur. “Les gens admettent que ça va mal, et ils ne voient pas bien ce qu’une manifestation pourrait changer”, a-t-il expliqué à l’AFP.

De fait, en dépit d’un début de redressement économique, le pays est loin d’être tiré d’affaire: les Irlandais restent parmi les plus endettés en Europe, victimes de la bulle immobilière qui leur a fait acheter au prix fort des logements aujourd’hui dévalués, et le chômage se maintient à des niveaux records avec un taux supérieur à 14%.

Pour Paul Sweeney, un économiste employé par la fédération des syndicats irlandais, c’est la preuve de “l’échec du programme d’austérité qui était censé nous sauver” et qui risque au contraire, à plus ou moins long terme, de “tuer le malade”. D’autant que de nouvelles économies sont attendues dans le cadre du prochain budget en décembre.

Les milieux économiques s’inquiètent pour leur part de l’impact de la crise de la zone euro sur les exportations irlandaises, qui ont bénéficié d’un rebond ces derniers mois et devaient être le fer de lance de la reprise.

Quant aux sentiments des Irlandais à l’égard de l’Europe, ils restent pour le moins ambigus: selon un récent sondage, 55% d’entre eux estiment que l’Union européenne est mal dirigée, mais 67% pensent qu’il vaut tout de même mieux en faire partie…