Avec la fin de la crise en politique en vue la Belgique espère un répit

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à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

[27/11/2011 14:44:04] BRUXELLES (AFP) La Belgique attendait avec anxiété dimanche l’ouverture des marchés en espérant que l’accord conclu sur le budget fédéral qui sonne la fin de la plus longue crise politique du royaume, allait permettre une baisse des taux auxquels elle finance sa dette.

Sur les marchés, les taux belges à dix ans se sont envolés ces derniers jours. Ils s’approchaient des 6% vendredi. Le “spread” ou écart de taux par rapport au “bund” allemand ne cesse lui aussi de s’étirer dangereusement.

L’accord sur le budget fédéral devrait permettre de réduire le déficit de la Belgique à 2,8% du PIB en 2012 –comme le demande la Commission européenne- et d’atteindre l’équilibre en 2015. Il ouvre aussi la voie à la formation, avant Noël, d’un gouvernement de coalition qui, selon toute vraisemblance, sera dirigé par le socialiste francophone Elio Di Rupo et rassemblera socialistes, démocrates-chrétiens et libéraux francophones et flamands.

Mais l’encre de l’accord à peine séchée des critiques ont fusé et démontre que la Belgique, sans gouvernement de plein exercice depuis avril 2010, n’est pas forcément tirée d’affaire.

“L’agitation sociale est inévitable” face aux mesures de rigueur prévues, ont annoncé dimanche les représentants des principaux syndicats du royaume. Les syndicats ont appelé les salariés belges à descendre dans la rue le 2 décembre.

“Il s’agit d’un budget inéquitable réalisé sous la pression des marchés financiers”, a déploré Rudy De Leeuw du syndicat socialiste FGTB. Les plus gros efforts seront supportés par les plus faibles, a-t-il ajouté.

L’accord prévoit certes la création d’un impôt sur la fortune (censé rapporter plus de 900 millions d’euros) mais il s’agira en fait d’un impôt sur les hauts revenus mobiliers. Ainsi, le propriétaire d’un bien important mais sans revenus de produits d’épargne échappera à cet impôt.

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à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

Plus inquiétant d’un point de vue politique, les nationalistes flamands de la N-VA, première formation politique de Flandre (nord), qui ne seront pas associés au prochain gouvernement, ont catégoriquement rejeté le compromis trouvé par les six partis politiques (dont trois flamands) qui ont négocié l’accord budgétaire.

“Ce sera un gouvernement en minorité du côté flamand qui imposera des économies qu’une majorité de Flamands devra payer”, a dit dimanche le leader de la N-VA, Bart De Wever, sur le plateau d’une chaîne de télévision flamande.

Ces propos ont fait l’effet d’une douche froide en Belgique alors que le fossé ne cesse de s’élargir entre le nord néerlandophone et le sud francophone ainsi qu’entre l’Etat fédéral et les régions qui réclament davantage d’autonomie.

Aux yeux du leader nationaliste, ce budget est fait aux deux tiers d’impôts nouveaux qui seront surtout payés par les Flamands. “Il détériorera considérablement le climat d’investissement dans le pays et n’aura que peu d’effets sur les taux d’intérêts que doit payer la Belgique”, a-t-il dit.

Le futur gouvernement, entre la surveillance des marchés financiers et celle des nationalistes flamands, aura fort à faire pour éviter que ces divisions, dangereuses pour son unité, ne réapparaissent, estimaient dimanche plusieurs commentateurs.

Quant à la formation proprement dite du gouvernement, elle pourrait être faite dans les dix jours.

“Si on a la même volonté politique, en une semaine, 10 jours, on peut conclure et avoir un gouvernement”, a affirmé le président des chrétiens-démocrates francophones, Benoît Lutgen.

“Nous avons fait un pas en avant extrêmement important mais il reste du travail”, a tempéré le leader des libéraux francophones, Charles Michel.

Les représentants des six partis qui veulent former une coalition gouvernementale doivent encore s’entendre sur le dossier de l’immigration et de l’asile. Il faudra ensuite répartir les portefeuilles entre les six partis, désigner les ministres et convoquer le Parlement pour entériner l’accord.