ège de la BCE à Francfort (Photo : Daniel Roland) |
[29/11/2011 05:34:39] BRUXELLES (AFP) La zone euro pourrait débloquer mardi une aide vitale à la Grèce et commencer à doter enfin son Fonds de secours d’une puissance de feu renforcée, alors que la crise de la dette s’étend dangereusement et qu’un sommet européen à nouveau crucial se profile dans une dizaine de jours.
Les ministres des Finances de l’Union monétaire se réunissent mardi à Bruxelles à partir de 17H00 (16H00 GMT) au sein de l’Eurogroupe. Ils seront rejoints mercredi matin par les ministres de l’ensemble de l’Union européenne.
Premier sujet à l’agenda de l’Eurogroupe: le versement d’une tranche de prêt de 8 milliards d’euros à la Grèce, tiré du premier plan de sauvetage au pays. Athènes a absolument besoin de cet argent pour éviter d’être en faillite mi-décembre. Après des mois de flottement, le déblocage de cette enveloppe est en bonne voie, indiquent plusieurs sources européennes.
Le chef de l’opposition de droite en Grèce Antonis Samaras, qui jusqu’ici refusait de céder à une exigence de la zone euro et du FMI de s’engager par écrit à appliquer les réformes acceptées par le gouvernement, a fait un geste. Il a adressé un courrier aux principaux responsables européens en indiquant qu’il “soutenait les objectifs” du plan de sauvetage, même s’il a plaidé en faveur de quelques modifications “pour garantir la réussite” du programme.
“Nous allons voir s’il n’y a pas d’ambiguités et quel est l’état d’avancement du plan d’ajustement en Grèce”, a indiqué une source gouvernementale européenne.
La zone euro va surtout se pencher sur un chantier encore largement inachevé malgré l’incendie de la crise de la dette qui se propage: son Fonds de secours pour les pays en difficulté (FESF), appelé à être renforcé pour éviter la contagion à l’Italie et l’Espagne.
Les 17 membres de l’Union monétaire se sont mis d’accord pour transformer le Fonds en un mécanisme d’assurances. Objectif: inciter les investisseurs à acheter de la dette de pays fragiles en garantissant une partie de leurs pertes éventuelles. Une autre option vise à attirer des investisseurs extérieurs au sein d’une structure de “co-investissement”, adossée au FESF, pour ensuite acheter de la dette de pays en difficulté.
L’Eurogroupe doit en principe valider mardi le cadre général du plan d’action, même si les travaux préparatoires se révèlent plus compliqués que prévu. L’idée de départ était de renforcer la force de frappe du Fonds à environ 1.000 milliards d’euros en multipliant les 250-275 milliards d’euros encore disponibles par quatre, voire cinq. Mais les ambitions ont dû être corrigées à la baisse.
“Ce qui est clair c’est que l’objectif de départ qui était d’avoir un effet de levier de 4 et 5 a été abandonné en raison des conditions de marchés difficiles ces dernières semaines, les investisseurs demandant des primes de risque plus élevées”, a indiqué prudemment une source proche des négociations. L’effet de levier escompté n’est plus que de 3 ou 4.
Enfin, lors de l’Eurogroupe, les ministres de la zone euro devraient officiellement nommer le nouveau représentant français au sein du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), en la personne de Benoît Coeuré, actuel directeur général adjoint du Trésor. Il remplacera l’Italien Lorenzo Bini Smaghi.
Cette nomination interviendra alors que le rôle de la BCE face à la crise cristallise les tensions, entre une Allemagne très réticente à voir l’institut monétaire dévier de sa mission première –surveiller l’inflation– et ses partenaires qui y voient l’unique recours pour mettre un coup d’arrêt à la crise.
Ces derniers espèrent qu’en acceptant, lors du sommet européen des 8 et 9 décembre, les changements du traité européen réclamés par Berlin pour durcir la discipline budgétaire de la zone euro, la chancelière Angela Merkel finira par laisser la BCE sortir l’artillerie lourde face à une crise qui soulève désormais ouvertement la question de la survie de l’euro.