à Ho Chi Minh-Ville, le 10 août 2011 (Photo : Vietnam News Agency) |
[29/11/2011 08:26:07] HANOI (AFP) Un blogueur franco-vietnamien dont Paris avait réclamé la libération a vu sa peine pour tentative de renversement du gouvernement de Hanoï réduite mardi en appel à 17 mois de prison, et devra encore rester en détention quelques semaines, selon son avocat.
Pham Minh Hoang, militant pour les droits de l’Homme âgé de 56 ans, avait été condamné en août à Ho Chi Minh-Ville à trois ans de prison suivis de trois années de résidence surveillée.
Cette peine a été réduite à 17 mois de prison, toujours suivis de trois ans d’assignation à résidence, a indiqué son avocat Tran Vu Hai à l’AFP.
Il a précisé qu’avec la peine déjà effectuée depuis son arrestation le 13 août 2010, son client serait libéré le 13 janvier prochain.
“Je suis un peu triste de cette décision, qui m’a toutefois consolée un peu”, a commenté à l’AFP sa femme Le Thi Kieu Oanh, qui a demandé sa libération immédiate.
L’accusation de tentative de renversement du régime, passible de 15 ans de prison, est régulièrement utilisée contre les dissidents dans un pays où le Parti communiste interdit tout débat politique.
En première instance, le professeur de mathématique, qui a passé près de 30 ans en France, avait nié avoir voulu renverser “qui que ce soit”, assurant avoir “seulement pointé du doigt les choses négatives dans la société”.
Il avait également exprimé ses “regrets” et demandé l’indulgence du tribunal.
Son avocat avait expliqué il y a quelques jours qu’il allait plaider pour une réduction de peine en faisant notamment valoir que son client devait s’occuper de ses parents âgés de près de 90 ans et de son frère handicapé.
Après le procès en appel de quelques heures, la cour a rendu son verdict en tenant “compte de ses conditions familiales”, a assuré Hai mardi. “Et du fait que Hoang s’est engagé à sa sortie de prison à ne plus violer la loi vietnamienne et ne plus s’opposer à l’Etat vietnamien”.
La justice lui reproche d’avoir écrit 33 articles sous le pseudonyme Phan Kien Quoc, dont la plupart “ternissaient l’image du pays”. Il avait notamment pris position contre un projet controversé d’exploitation de la bauxite dans le centre du pays.
Il a d’autre part reconnu être membre de l’organisation basée aux Etats-Unis Viet Tan, considérée comme “terroriste” par Hanoï.
Mardi, le groupe, qui affirme pour sa part promouvoir la démocratie par des moyens pacifiques, a estimé que les autorités avaient “cédé à la pression internationale” en réduisant sa peine.
En août, la France et l’Union européenne avaient dénoncé sa condamnation et réclamé sa libération immédiate.
“Sa réduction de peine est bienvenue, mais ce n’est pas assez”, a commenté mardi Phil Robertson, de Human Rights Watch.
“Malheureusement, (le gouvernement) ne montre aucune réticence à emprisonner des gens comme Pham Minh Hoang pour avoir simplement exprimé leurs opinions et les avoir fait connaître à leurs compatriotes par internet”, a-t-il ajouté.
“Hoang a simplement exprimé son opinion sur des sujets d’intérêt public au Vietnam, un droit garanti par la Constitution”, avait insisté de son côté lundi Reporters sans frontières, qui a placé le Vietnam sur sa liste des “ennemis d’internet”.
Des dizaines de militants politiques pacifiques ont été condamnés à de lourdes peines de prison depuis que le Vietnam a lancé une campagne de répression contre la liberté d’expression à la fin de 2009, selon Amnesty International.
Hanoï assure de son côté avoir enregistré des progrès importants sur les droits de l’Homme.