ésident chypriote, Demetris Christofias, à Bruxelles le 23 octobre 2011 (Photo : Georges Gobet) |
[29/11/2011 13:54:28] WASHINGTON (AFP) La République de Chypre, membre de la zone euro, est confrontée à d’énormes défis économiques en raison de son exposition à la crise grecque, au creusement de son déficit budgétaire et de la vulnérabilité de son système bancaire, a estimé mardi le Fonds monétaire international (FMI).
Le FMI a en conséquence intimé aux autorités chypriotes de mettre en oeuvre le plus rapidement possible un plan de réduction des dépenses publiques et prévenu que les banques du pays pourraient avoir besoin d’apports en capital pour pouvoir maintenir leur solvabilité.
“Chypre fait face à des défis économiques énormes en raison de la baisse de la demande extérieure, de son exposition grandissante aux bouleversements dans la zone euro, particulièrement en Grèce, et d’une situation financière intérieure fortement dégradée”, a estimé le FMI dans sa revue annuelle de l’économie chypriote.
Le Fonds prévoit une croissance nulle en 2011, après +1,1% en 2010, et une légère contraction en 2012 mais avec des facteurs de risque dominants.
“Les facteurs qui pèseront sur la croissance comprennent un resserrement du crédit et un climat d’incertitude, un ralentissement continu du secteur de la construction après des années de suractivité, une baisse de la demande extérieure et la consolidation budgétaire en préparation”, souligne l’organisme monétaire international.
Selon le FMI, les mesures d’ajustement budgétaire prévues en 2011 “sont loin du compte” et le déficit budgétaire devrait atteindre 7% du Produit intérieur brut (PIB) cette année.
Un nouveau train de mesures est attendu pour 2012 qui devrait permettre de réaliser des économies de l’ordre de 4% du PIB. Mais des mesures additionnelles seront nécessaires pour combler le déficit et répondre à l’objectif des autorités d’atteindre l’équilibre budgétaire en 2014, prévient le Fonds.
Du côté des banques, l’importance du secteur dans l’économie du pays et leur exposition à la Grèce est un facteur de vulnérabilité.
La République chypriote couvre les deux-tiers de l’île de Chypre et abrite la population chypriote-grecque dont les liens culturels et économiques avec la Grèce sont très étroits. La partie nord, où se trouve la population chypriote-turque, est occupée depuis 1974 par la Turquie.
“Les banques sont confrontées à d’importants besoins en capital afin d’ajuster leur portefeuille d’obligations souveraines à sa valeur de marché” et pour atteindre les ratios de solvabilité exigés par les autorités de régulation bancaire de l’Union européenne, souligne-t-on de même source.
Le ralentissement de l’économie, la dégradation de leurs prêts et un risque de retraits importants en cas d’aggravation de la situation, contribuent à fragiliser encore davantage le système bancaire chypriote, ajoute le Fonds.
Les autorités du pays, dirigé par le parti Akel (communiste), doivent donc présenter un programme ambitieux de redressement pour permettre à Chypre de retrouver un accès normal aux marchés financiers. Ce programme devra notamment revenir sur les récentes augmentations accordées aux fonctionnaires et sur les mesures d’indexation au coût de la vie, indique le Fonds.
Les systèmes de retraite et d’assurance-maladie devront également être réformés car leur coût risque de “placer des pressions insupportables sur le budget compte tenu du vieillissement de la population”.
Chypre a adhéré à l’Union européenne en 2004 et à la zone euro en 2008. La République chypriote compte environ 800.000 habitants.
Selon le FMI, le taux de chômage devrait progresser à 7,6% de la population active en 2011 (pour 6,4% en 2010) alors que l’inflation devrait atteindre 4% (2,6% en 2010).