à Lisbonne (Photo : Patricia de Melo Moreira) |
[30/11/2011 10:56:51] LISBONNE (AFP) Le Parlement portugais devait approuver mercredi le budget 2012 d’une rigueur draconienne et dont le gouvernement espère qu’il permettra de réduire les déficits du pays, sous assistance financière, au risque d’aggraver le mécontentement social.
Le budget a déjà été approuvé en première lecture et le vote définitif ne devrait poser aucun problème, le gouvernement de centre-droit disposant à l’Assemblée d’une large majorité tandis que le Parti socialiste, principale formation d’opposition, devrait s’abstenir.
Troisième pays de la zone euro après la Grèce et l’Irlande à faire appel à une aide exceptionnelle, le Portugal a obtenu en mai dernier du Fonds monétaire international et de l’Union européenne un prêt de 78 milliards d’euros. En échange il s’est engagé à mettre en oeuvre un vaste programme de rigueur et de réformes pour ramener le déficit, qui a atteint 9,8% du PIB en 2010, à 4,5% fin 2012.
Mais les mesures d’austerité, qui frappent principalement les fonctionnaires, ont provoqué une levée de boucliers des syndicats et des partis d’extrême-gauche. Le mécontentement a culminé la semaine dernière avec une grève générale, ponctuée de manifestations dans tout le pays.
Face au risque d’une confrontation sociale et alors que le chômage devrait atteindre l’an prochain le taux record de 13,4%, la coalition de centre-droit au pouvoir a proposé quelques amendements pour assouplir la rigueur. Ainsi, la suppression du 13e et 14e mois de salaire interviendra désormais pour les fonctionnaires et les retraité dont les revenus sont supérieurs à 1.100 euros au lieu des 1.000 euros prévus dans le projet de budget.
Cet assouplissement devrait entraîner pour les caisses de l’Etat un manque à gagner de quelque 130 millions d’euros qui sera compensé par une hausse des taxes sur les revenus du capital.
En revanche l’incitation du gouvernement à augmenter d’une demi-heure l’horaire de travail quotidien dans le secteur privé a été maintenue.
Le budget 2012 prévoit également une hausse de la TVA sur différents produits en particulier sur la restauration où elle passera de 13% à 23% au grand dam des restaurateurs qui ont mis en garde contre la fermeture éventuelle de 21.000 établissements et 47.000 licenciements.
Le Premier ministre, Pedro Passos Coelho, s’est déclaré conscient de “l’énorme effort demandé aux Portugais”. “Le Portugal se trouve dans une situation très difficile”, a renchéri le ministre des Affaires étrangères et son partenaire de coalition, Paulo Portas. Mais, a-t-il ajouté, “il est important que le pays travaille et que ceux qui cherchent du travail en trouvent au lieu de se heurter à des piquets de grève et à des grèves systématiques”.
L’approbation du budget 2012 intervient dans une situation très délicate pour le Portugal qui risque de subir de plein fouet les contrecoups du ralentissement de l’économie au niveau mondial et de la crise qui perdure dans la zone euro.
“L’aggravation des conditions économiques et financières accroît les défis de l’économie portugaise”, a ainsi mis en garde la Banque centrale portugaise dans son dernier rapport sur la stabilité financière du pays.
Le gouvernement portugais et la Commission européenne ont récemment revu à la baisse leur prévision de croissance pour 2012, avec une récession qui devrait s’établir à -3% du PIB, soit la plus mauvaise performance de l’UE.
Selon les estimations officielles, une légère reprise (+1,1% du PIB) ne devrait intervenir qu’en 2013 en particulier grâce à une augmentation des exportations. Une perspective également mise en doute par la Banque du Portugal qui a estimé que “la demande externe” devrait être affectée par un “environnement économique adverse”.