écembre 2010 à Montreuil, au premier jour du 26e Salon du Livre et de la Presse Jeunesse (Photo : Bertrand Langlois) |
[30/11/2011 18:30:06] MONTREUIL (Seine-Saint-Denis) (AFP) Le numérique est de plus en plus investi par l’édition jeunesse, offrant de nouvelles possibilités d’interactivité ludique pour les enfants grâce aux applications sur tablette.
Au Salon du livre jeunesse de Montreuil, le “pôle numérique” ne désemplit pas mercredi, jour d’ouverture. Une trentaine d’enfants suivent une présentation sur grand écran, expérimentent des applications sur iPad individuels ou sur une tablette géante créée spécialement.
Sur tablette, l’enfant peut jouer, créer des dessins ou de la musique avec son doigt, choisir et toucher les personnages, les diriger, choisir leur couleur…
“J’ai aimé. On peut jouer dessus”, s’exclame Sirine, 7 ans. “C’était trop bien ! C’est plus marrant et c’est différent des livres, on peut toucher les personnages et il y a beaucoup d’histoires”, renchérit Khadija, 10 ans.
Boosté par l’arrivée en 2010 de l’iPad, la tablette d’Apple, le secteur est en pleine expansion. Gallimard Jeunesse a sorti cet été ses deux premières applications pour enfants, en a développé deux autres depuis et prépare d’autres projets.
Autre innovation, Bayard Jeunesse a lancé “Un jeu”, variation de “Un livre”, succès d’édition vendu à près de 400.000 exemplaires et traduit dans plus de 25 pays.
Certains acteurs sont aussi des nouveaux venus, comme Europa Apps, maison d’édition numérique qui lance cette semaine ses premières applications pour les enfants de deux à cinq ans, l’une en coproduction avec L’Ecole des Loisirs.
Narration différente
“Au départ, j’étais extrêmement réticente, parce que je trouvais que les parents malheureusement laissent souvent leur enfant seul devant la télévision ou un ordinateur”, souligne Soledad Bravi, auteur des premiers titres d’Europa Apps. “Mais je me suis rendue compte qu’il y avait des millions de possibilités sur iPad, que ça pouvait être très ludique et recréer de la complicité”.
“La forme de narration est complètement différente de celle du livre. On a vraiment ce qui s’appelle le cross-média, c’est-à-dire un support où se mêlent le son, le texte, l’image animée, la vidéo réelle, la musique”, explique Sylvie Vassalo, directrice du Salon de Montreuil.
Pour elle, “certains éditeurs visent la complémentarité avec le livre, mais aussi dans le temps de l’enfant. Il y a une sorte de temps entre le livre et le jeu qui se déploie”.
Parallèlement, les éditeurs misent aussi sur la numérisation de leurs ouvrages existants – une soixantaine disponibles pour Gallimard Jeunesse et 500 prévus par Hachette Jeunesse fin 2011 – et la création de livres numériques enrichis. C’est le cas par exemple d’Albin Michel, qui a développé l’application “L’Herbier des fées”, adaptée d’un livre enrichi notamment avec des vidéos d’animation.
L’essor du numérique reste cependant à relativiser, alors que moins de deux millions de tablettes sont en circulation en France. Pour François Blum, président d’Europa Apps, venu du monde de l’internet, “le taux d’équipement progresse très vite, mais il part de très bas”.
“C’est aussi un nouveau monde pour beaucoup d’éditeurs, qui nécessite un savoir-faire différent”, ajoute-t-il. Alors que les applications coûtent cher à réaliser, leur prix reste modeste, généralement inférieur à cinq euros.
“Pour les éditeurs traditionnels, c’est très difficile d’investir énormément. Et comment expliquer aux libraires qu’on va produire des choses qui coûteront moins cher, qui mettent en danger l’économie du livre?”, souligne-t-il.