Scandale Olympus : l’ex PDG Woodford démissionne du conseil d’administration

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à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[01/12/2011 06:28:13] TOKYO (AFP) L’ex PDG Olympus, Michael Woodford, qui a dénoncé le scandale financier dans lequel est embourbé le groupe japonais d’appareils photo, a démissionné jeudi du conseil d’administration, a annoncé la firme dont il semble décidé à vouloir reprendre la tête.

“L’entreprise a reçu ce jour une lettre de démission de Michael Woodford en tant que membre du conseil d’administration. Sa démission a pris effet à compter d’aujourd’hui”, a indiqué Olympus dans un communiqué.

M. Woodford a expliqué sa décision par le fait que l’actuelle direction du groupe, constituée selon lui des “mauvaises personnes”, “ne devrait pas choisir la destinée de l’entreprise”, dans des propos cités par Dow Jones Newswires.

Lors d’un passage au Japon la semaine dernière, M. Woodford avait appelé l’ensemble du conseil d’administration de l’entreprise à démissionner. Limogé de son poste de PDG le 14 octobre, il était resté jusqu’à présent administrateur du groupe.

“Je veux donner aux actionnaires la possibilité de choisir un style de direction différent permettant de réformer l’entreprise”, a-t-il expliqué jeudi, soulignant qu’il allait “prendre contact avec tous les actionnaires intéressés afin de formuler une proposition de constitution de nouveau conseil d’administration”.

M. Woodford n’a jamais caché qu’il était prêt à revenir à la tête du groupe s’il obtenait le soutien des actionnaires. Il n’a pas précisé qui il comptait approcher, se contentant d’ajouter qu’il voulait qu’Olympus “reste une entreprise japonaise, cotée au Japon”.

L’entreprise compte un certain nombre d’actionnaires étrangers.

Officiellement débarqué mi-octobre pour “méthode de travail inappropriée”, il a révélé peu après que son éviction avait en réalité été motivée par ses demandes d’explications auprès d’autres membres de la direction.

Premier étranger à avoir dirigé cette entreprise nonagénaire, il s’interrogeait sur des frais colossaux liés à l’acquisition douteuse de quatre entreprises entre 2006 et 2008, soit avant son arrivée aux commandes.

La direction a fini par reconnaître que le groupe avait dissimulé des pertes énormes subies dans les années 90 sur des investissements hasardeux effectués durant la période de la bulle financière.

Ces déboires sont évalués à plus de 100 milliards de yens (au moins un milliard d’euros) par des quotidiens japonais, certains journaux étrangers faisant état d’un trou de près de 5 milliards de dollars (3,8 milliards d’euros).

Les trois principaux responsables présumés de ce maquillage ont depuis été congédiés et le poste de PDG a été confié à Shuichi Takayama. Cet ancien de la maison a affirmé que l’équipe en place était prête à abandonner ses fonctions une fois l’affaire éclaircie, mais qu’elle devait dans l’immédiat rester pour éviter une aggravation.

La presse, notamment étrangère, a évoqué des liens possibles de l’ancienne direction avec des yakuza, la mafia japonaise, mais rien n’est clairement apparu en ce sens jusqu’à présent dans les enquêtes ouvertes au Japon, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.

Le scandale a entraîné depuis la mi-octobre un plongeon de près de 60% de l’action Olympus qui est menacée de radiation à la Bourse de Tokyo. Le titre remontait jeudi de 6,34% à 1.090 yens à 10H30 (01H30 GMT).