énéral Jean-Laurent Bonnafé, photographié le 1er décembre 2006 à Rome. (Photo : Giulio Napolitano) |
[01/12/2011 07:01:25] PARIS (AFP) Une page se tourne jeudi au sein de BNP Paribas avec le remplacement de Michel Pébereau par Baudouin Prot à la présidence et l’arrivée à la direction générale de Jean-Laurent Bonnafé, personnage discret, une succession sans conséquence attendue sur la trajectoire de la banque.
M. Pébereau avait annoncé dès début mai qu’il proposerait le 1er décembre au conseil d’administration de désigner M. Prot à la présidence pour lui succéder et de choisir M. Bonnafé comme directeur général.
Atteint par la limite d’âge à bientôt 70 ans (en janvier), il n’a fait qu’anticiper le mouvement de six mois, car il ne pouvait, selon les statuts, conserver la présidence au-delà de l’assemblée générale de 2012.
Il abandonne la présidence après 18 années au sommet de ce qui était encore, en 1993, la Banque nationale de Paris, mais conservera, en revanche, son mandat d’administrateur.
Son fidèle second, Baudouin Prot, quitte lui la direction opérationnelle après huit années marquées par de profondes mutations.
Entre 1998, année précédant le raid victorieux sur Paribas, et 2011, la banque a multiplié par six son produit net bancaire (équivalent du chiffre d’affaires) de 48 milliards de francs (environ 7,3 milliards d’euros) à 44 milliards d’euros.
Ses effectifs, eux, ont quasiment quadruplé, pour atteindre 205.348 personnes fin 2010.
Même prévue de longue date, cette passation intervient dans une période difficile pour le secteur bancaire européen en général, coincé entre la crise de la zone euro et la perspective du nouveau cadre réglementaire dit Bâle III, début 2013.
Changement dans la continuité?
Plutôt moins mal lotie que ses consoeurs françaises, BNP Paribas a tout de même vu son action abandonner 40% depuis le début de l’année.
“Il n’y a pas de rupture majeure dans ce passage de flambeau”, commente Christophe Nijdam, analyste d’AlphaValue, pour qui “on ne tombe pas dans l’inconnu”.
Beaucoup moins connu que ses deux prédécesseurs, le nouveau directeur général Jean-Laurent Bonnafé n’en a pas moins à son actif les intégrations successives de l’italienne BNL et de la belge Fortis, pilotées avec succès.
“Le point positif, c’est qu’avec la crise de liquidité de cet été, BNP Paribas doit réduire la taille de son bilan, notamment dans les activités de marché et le profil de M. Bonnafé en tant qu’industriel de la banque de détail arrive à point nommé”, observe M. Nijdam.
Reste à occuper l’espace laissé par M. Prot, qui fait partie de l’histoire de la banque depuis près de trente ans.
“M. Bonnafé est jusqu’à présent peu connu des marchés. On attend de voir comment il fonctionnera dans sa première présentation officielle de comptes”, explique M. Nijdam.
Discret, M. Bonnafé a gagné en aisance ces derniers mois à mesure qu’il se frottait à la communication externe. Capable de traits d’humour, il affirme de plus en plus nettement ses idées et ses convictions, qui restent proches de celles de ses devanciers.
“Cela fait 18 ans que je suis dans cette société et que j’ai cette culture, donc nous sommes dans la continuité”, a-t-il déclaré mardi dans un entretien au Financial Times.