Un navire de la CMA CGM dans le port du Havre, le 12 juin 2010 (Photo : Kenzo Tribouillard) |
[01/12/2011 17:28:17] PARIS (AFP) Les numéro deux et trois mondial du transport maritime de conteneurs, l’italo-suisse MSC et le français CMA CGM, vont mutualiser leurs flottes sur leurs principaux marchés, dans un contexte de fléchissement de la demande mondiale qui entraîne des surcapacités coûteuses pour les armateurs.
Les deux groupes familiaux ont annoncé jeudi dans un communiqué la signature d’un “partenariat opérationnel d’envergure” pour optimiser l’utilisation de leurs flottes respectives et améliorer leurs temps de transit.
L’accord porte sur leurs principaux marchés: Asie-Nord Europe, Asie-Afrique du Sud et tous les marchés sud-américains.
Les deux armateurs restent toutefois concurrentiels sur le plan commercial et aucun échange capitalistique n’est prévu.
Cet accord vise à répondre à la surcapacité endémique en navires dont souffre le secteur du transport maritime, qui est très sensible à la demande mondiale, 90% des marchandises étant transportées par bateau.
Les partenaires pourront ainsi offrir “sur un certain nombre de marchés le meilleur de leur flotte respective, une couverture portuaire élargie et une fréquence de départs intensifiée”, ont-ils affirmé dans un communiqué.
Pour CMA CGM, plombé par une dette de 5,3 milliards de dollars, cet accord viendra s’ajouter aux effets de son plan d’action, qui vise à lui faire économiser 400 millions en année pleine. Ce plan prévoit de rationaliser les lignes et les capacités, d’améliorer la consommation des navires et de poursuivre son programme de vente d’actifs (navires et conteneurs).
“Evolution parallèle”
Sur neuf mois, l’armateur marseillais a réalisé un chiffre d’affaires de 11 milliards de dollars, en progression de 5,2% sur un an, selon les chiffres publiés jeudi. Mais il a dégagé un Ebidta (excédent brut d’exploitation) de seulement 672 millions de dollars sur la même période.
“La surcapacité actuelle du marché combinée à une demande ralentie affecte notre performance financière”, a reconnu Michel Sirat, le directeur financier du groupe marseillais, qui a également pâti des “prix élevés du pétrole”.
Néanmoins, l’armateur affiche son optimisme. Il dit s’attendre à “un retournement du marché courant 2012”, faisant valoir que le secteur du transport de conteneurs ne cesse de gagner des parts de marché sur les autres modes de transports, tout en faisant des efforts pour rationaliser les lignes.
Pour Rodolphe Saadé, directeur général délégué de CMA CGM, ce rapprochement avec la Mediterranean Shipping Company (MSC) a été favorisé par “l’évolution parallèle” suivie par les deux groupes familiaux depuis plus de 30 ans et le fait qu’ils “coopèrent depuis plusieurs années sur quelques secteurs”.
Il y a une semaine, MSC a annoncé son intention de faire du port du Havre un “hub” pour les marchandises en transit dans le nord-ouest de l’Europe.
Le second armateur mondial va aménager quatre postes à quai dans le nouveau port à conteneurs du Havre, qui pourront accueillir les plus grands navires de sa flotte.