Le site internet du New York Times (Photo : Mario Tama) |
[02/12/2011 07:31:01] WASHINGTON (AFP) Le site internet du New York Times a lancé jeudi une nouvelle formule du système de commentaires des internautes, en y intégrant notamment les réseaux sociaux Facebook et Twitter, dans le but avoué de relever le niveau des débats.
Les “améliorations” créent notamment une catégorie de “commentateurs de confiance”, ayant un historique de “commentaires remarquables”, qui pourront mettre en ligne leurs opinions sans contrôle ou modération préalable.
La rédactrice en chef du New York Times Jill Abramson a annoncé elle-même les changements, à la fois sur le site NYTimes.com, qui revendique près de 50 millions de visiteurs uniques par mois, et dans les pages “opinions” de l’édition papier.
Ces modifications interviennent alors que depuis plusieurs mois, plusieurs journaux se sont demandés comment améliorer le niveau des échanges sur leurs sites internet, et éviter que se multiplient insultes ou diatribes plus ou moins incohérentes, bien souvent publiés anonymement dans les fils de commentaires en ligne.
Les lecteurs du quotidien new-yorkais ne pourront devenir “commentateurs de confiance” que sur invitation, et s’ils acceptent d’associer leur profil de commentateur du site avec leur page Facebook.
Le nom et la photo liés au profil Facebook serviront de signature à ces commentateurs sur le site NYTimes.com. C’est une façon de les empêcher de prendre un pseudonyme, pratique interdite par Facebook.
“Nous nous sommes rendu compte que les gens qui utilisent leur nom ont des conversations plus intéressantes et plus respectueuses”, a fait valoir le New York Times.
Ceux qui le voudront pourront publier anonymement ou sous pseudonyme, mais dans ce cas leurs commentaires seront scannés pour éviter la publication d’attaques personnelles, d’obscénités, de vulgarités ou de toute autre infraction aux normes posées par le journal.
Plusieurs journaux américains ont déjà exigé que les internautes donnent leur nom véritable s’ils veulent publier des commentaires sur leur site, pour tenter d’éviter les dérives – et certains ne publient que les commentaires de lecteurs fournissant un lien avec leur page sur Facebook.
Le plus gros groupe de presse du pays, Gannett, qui publie notamment le quotidien USA Today, fait partie de ceux qui utilisent la plateforme de Facebook pour les commentaires sur leurs sites.
Pour Dan Kennedy, professeur de journalisme à l’université Northeastern à Boston (nord-est), la formule retenue par le New York Times devrait réussir à déboucher sur “un débat plus civil et plus riche”.
“Les commentaires sont un grand moyen, sous-utilisé, qu’ont les médias de cultiver une relation avec leurs lecteurs pour créer une communauté”, explique-t-il à l’AFP.
“Bien trop souvent, les commentaires ne sont pas pris aux sérieux, c’est considéré par les médias comme une maison de fous”, regrette-t-il. “On se retrouve avec des dizaines de commentateurs anonymes ou sous pseudonymes, souvent toujours les mêmes, qui donnent libre cours à leur haine ou à leur racisme”.
L’intégration avec Facebook pourrait certes inquiéter certains lecteurs, mais selon lui, ce site aux 800 millions d’usagers a au moins une qualité: “Sur Facebook les gens sont habitués à se tenir d’une certaine façon”.
“C’est une communauté, ce qui semble très différent des comportements anonymes et antisociaux qu’on voit souvent dans les commentaires des sites de journaux”, relève-t-il encore.
Certes, certains pourront faire valoir que l’anonymat est parfois souhaitable, par exemple pour quelqu’un qui risquerait d’avoir des problèmes avec son employeur s’il était identifié.
“Mais on ne publie pas de lettres anonymes dans le courrier des lecteurs” imprimé, relève M. Kennedy. “On peut défendre la position selon laquelle il n’y a pas de raison de traiter différemment les commentaires en ligne”.