ThyssenKrupp s’offre dépréciations et perte abyssale pour ses 200 ans

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à Duisbourg, le 23 septembre 2010. (Photo : Patrik Stollarz)

[02/12/2011 12:22:29] BERLIN (AFP) ThyssenKrupp, grand nom de l’industrie allemande, se serait bien passé de ce cadeau empoisonné pour ses 200 ans : il a procédé à des dépréciations massives et inscrit une grosse perte sur l’exercice 2010/2011, dans un contexte de plus en plus difficile pour la sidérurgie.

Le groupe, quatorzième producteur d’acier mondial, fabricant d’ascenseurs, de sous-marins et d’équipements pour l’industrie automobile, a accumulé vendredi les annonces de mauvaises nouvelles, publiées de manière anticipée.

Dépréciations de 2,9 milliards d’euros sur ses activités américaines et sa division d’aciers inoxydables Inoxum, qui ont entraîné une perte de près nette d’1,8 milliard d’euros; une dette toujours très élevée (3,6 milliards d’euros à fin septembre); une prévision pessimiste sur le trimestre en cours; et l’impossibilité pour le moment de faire une prédiction sur le reste de l’année.

Le patron Heinrich Hiesinger, aux manettes depuis le début de l’année, a essayé de faire bonne figure. “L’environnement actuel n’est pas facile”, a-t-il reconnu, mais “les dépréciations le prouvent : nous faisons ce qu’il faut (…) Nous allons poursuivre notre développement de manière décidée”.

Les investisseurs ne semblaient pas entièrement convaincus : l’action perdait 2,05% à 18,61 euros à la Bourse de Francfort à 11H45 GMT.

Une autre annonce empêchait le titre de plonger davantage: les comptes ont certes viré au rouge, mais ThyssenKrupp va verser un dividende inchangé de 0,45 euro par action. L’actionnaire principal de ThyssenKrupp est une fondation dirigée par les héritiers de la famille fondatrice Krupp.

Krupp, fabricant du canon Grosse Bertha à l’oeuvre pendant la Grande Guerre, vient de fêter en grande pompe ses 200 ans. Il a eu une histoire mouvementée, avant de fusionner en 1999 avec Thyssen, un autre grand nom de l’industrie allemande de la Ruhr, mariage qui s’est traduit par une refonte en profondeur.

Avec M. Hiesinger, ThyssenKrupp est entré dans une nouvelle phase de cette restructuration permanente. Il a annoncé en mai son intention de se séparer d’un quart de son chiffre d’affaires annuel de près de 50 milliards d’euros, et de 35.000 salariés.

Le gros morceau à céder, ou mettre en Bourse, est la filiale récemment scindée Inoxum d’aciers inoxydables. Mais sa valeur vient d’être ponctionnée de 800 millions d’euros dans les comptes de sa maison mère.

En cause, “des problèmes structurels non résolus” sur ce marché, explique le groupe. Ce segment souffre de sur-capacités chroniques, du moins en Europe, et ThyssenKrupp veut justement se défaire d’Inoxum pour le marier à l’un de ses concurrents, par exemple Aperam, ex-filiale d’ArcelorMittal, le finlandais Outokumpu ou l’espagnol Acerinox.

Les autres dépréciations concernent ses activités américaines, et particulièrement le Brésil. Le groupe y a construit une nouvelle usine dont les coûts on explosé, et ce dépassement “ne pourra pas être compensé à court terme”, prévient-il.

ThyssenKrupp a investi massivement dans cette usine et une autre aux Etats-Unis, et ce au pire moment, juste avant la crise de 2009.

Or après un bon cru 2010 le secteur de la sidérurgie, tout au début de la chaîne de valeur, est à nouveau l’un des premiers à pâtir des effets du ralentissement de la croissance mondiale.

La production mondiale d’acier a ralenti en octobre et certains, comme le numéro un du secteur ArcelorMittal, ont déjà arrêté des hauts-fourneaux.

ThyssenKrupp s’abstient d’ailleurs de toute prévision pour 2011/2012. Au premier trimestre, en cours, le bénéfice d’exploitation sera en baisse sur un an, a-t-il seulement prévenu.