Trains touristiques en Tunisie : De Haifa Wahby au Coran!

train-touristique-hammamet.jpgDimanche 12h50. Un bruit de coran assourdissant remplit soudainement la rue. Au loin, et lézardant à peine 40 kms à l’heure, c’est en fait la musique de fond qui a été choisie pour un petit train touristique qui passe paisiblement son chemin.

Le chauffeur s’est fait poussé la barbe et a visiblement tronqué les chansons de la diva libanaise botoxée, Haifa Wahby, contre du Coran qu’il passe en boucle au grand dam des touristes et des enfants qui aiment se déplacer en petit train. Etrange!

Si depuis quelques années, on passait souvent du Coran dans les boutiques de bon matin, c’était surtout pour attirer «la baraka» et pour se recueillir avant d’attaquer une journée que l’on espère fructueuse. Depuis la morosité ambiante et la moralisation rampante, le Coran passe en boucle dans les commerces, les restaurants, les cafés maures…

Essayez de prendre un taxi où l’on ne vous prend pas en «otage acoustique». Dans de nombreux cas, on vous impose la lecture du Coran tout le long du trajet que durera votre «coursa». Cela tourne alors au supplice. En règle générale, il est inutile de se hasarder à réclamer de mettre moins fort le volume ou d’éteindre. On vous accusera d’hérésie!

A Casablanca, il existe plus de 4.000 boîtes de nuit et autres cabarets qui diffusent à pleins décibels les airs endiablés des «chebs» algériens et autres voix enivrantes d’Orient. Quel rapport avec le Coran du petit train? Aucun si ce n’est que l’une des villes les plus touristiques du Maroc tranche franchement avec Hammamet, à titre d’exemple. Le Temple du tourisme tunisien ne devrait-il pas profiter de l’accalmie pour reconsidérer ses animations y compris musicales et proposer de plus d’allégresse, de joie et de vie? Ne serait-ce pas idéal pour une destination touristique qui doit se redéfinir et améliorer son image?

Et bien non! Hammamet sombre dans la soirée dans une tristesse effroyable. Les discothèques sont fermées et rares sont les bars qui restent ouverts. Il n’existe, à titre d’exemple, quasiment aucun «mezoued-bar» à l’instar des «bars rai» qui pullulent à Alger. L’ambiance est mortelle dès 19h00. Est-ce que cela a un rapport avec la révolution? Nullement Tunis, Hammamet ou Sousse étaient mortelles en dehors des saisons de pointe avant la révolution. Elles n’en sont que d’autant plus moroses depuis que les portefeuilles restent vides et que les touristes se font rares. Reste que les petits trains touristiques ne passaient pas du coran avant la révolution. A chaque étape son rythme!

En attendant que les pouvoirs publics réagissent, le Coran est sacré et ne peut nullement servir de “musique” de fond dans un train ou tout autre lieu public de la sorte. Un contrôle sérieux de pareilles initiatives personnelles doit être mis en place. Les touristes, passés l’étonnement, n’arrivent pas à comprendre s’il faut en rire ou en avoir peur. Chantal n’en revient pas: “Comment banalise-t-on à ce pont des textes coraniques? Peut-on avoir confiance en un guide chauffeur, guide qui ne respecte ni sa religion ni ses clients? Pourquoi m’impose-t-on du coran alors que je ne suis pas musulmane? Je me ballade avec mes amis et refuse qu’on ne m’impose cela”.

Il est sûrement temps de se remettre à travailler, à imaginer des évènements festifs dans les villes tunisiennes et à envoyer des messages rassurants d’un pays qui revit. En attendant, faut-il encore apprendre à respecter le Coran!