Les cyber-attaques, une arme contre les détracteurs du régime russe

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écembre 2011 à Moscou (Photo : Alexey Sazonov)

[04/12/2011 11:27:30] MOSCOU (AFP) Les cyberattaques en Russie contre des sites indépendants et les blogs d’opposants, comme cela a encore été le cas dimanche, jour des législatives, se sont multipliées au fur et à mesure que l’opposition s’est tournée vers l’internet.

La méthode utilisée dimanche pour bloquer les sites d’une demi-douzaine de médias indépendants et l’ONG d’observation électorale Golos consiste à bombarder leurs sites de demandes de connexion.

Ainsi, Dmitri Merechko, porte-parole de Golos, explique que l’attaque par déni de service (DDoS) dont son organisation a été victime avait été “massive”, avec “50.000 demandes par seconde”.

Selon lui, ce type de neutralisation est le fait de “quelques très bons spécialistes”.

“C’est une organisation importante avec beaucoup de moyens qui a dû faire ça”, a estimé de son côté Lilia Chibanova, la dirigeante de Golos.

L’ONG, dont les collaborateurs ont aussi vu leurs adresses électroniques bloquées, est depuis jeudi dans le collimateur de la justice russe après avoir recensé des milliers d’infractions dans la campagne électorale, essentiellement des pressions exercées en faveur du parti au pouvoir, Russie Unie.

Pour Ilia Barabanov, rédacteur en chef de l’hebdomadaire New Times dont le site ne fonctionnait plus dimanche, il n’y aucun doute que le régime russe est derrière cette offensive.

“Il est clair, selon moi, que les responsables (des attaques) sont les mêmes que ceux qui mènent la campagne contre Golos”, a-t-il dit.

“Les personnes chargées d’assurer un score élevé à Russie Unie ne veulent pas que l’on sache comment ces bons résultats ont été bricolés”, a-t-il ajouté, cité par le journal en ligne Gazeta.ru.

Alexeï Venediktov, le directeur de la rédaction de la radio Echo de Moscou, dont le site est aussi inaccessible, a dénoncé sur son compte Twitter “une tentative de gêner la publication d’informations sur les fraudes”.

Cette forme de cyber-attaques n’est pas nouvelle en Russie, mais jusqu’à présent elles n’avaient principalement visé que les blogs d’opposants au régime de Vladimir Poutine.

La plate-forme LiveJournal.ru, qui est régulièrement victime d’attaques DDOS, avait ainsi subi une offensive d’ampleur au printemps.

A l’époque, les soupçons s’étaient concentrés sur des mouvements proches des autorités, comme les jeunesses pro-Poutine Nachi, même si le président Dmitri Medvedev, féru de l’internet, avait dénoncé avec vigueur le procédé.

Le site spécialisé sur les services secrets Agentura.ru relève que depuis le début des années 2000, le FSB (ex-KGB) s’est doté de tous les outils pour surveiller les publications et les bloquer.

Ainsi, des boîtes noires ont été installés chez les fournisseurs d’accès pour surveiller les utilisateurs. Les services spéciaux ce sont aussi dotés de programmes informatiques dits “sémantiques” pour repérer les publications susceptibles de les intéresser.

Par ailleurs, des cadres de l’espionnage russe n’ont pas caché leur volonté d’aller plus loin. Au printemps, le chef du centre de sécurité des communications du FSB avait proposé d’interdire les messageries Gmail, Hotmail et Skype en Russie si ces dernières refusaient de livrer les clés de leurs systèmes cryptographiques.

“L’utilisation généralisée sur l’internet de moyens de communication chiffrés et cryptographiés, en premier lieu des produits étrangers, suscite une grande inquiétude au FSB”, avait expliqué Alexandre Andreetchkine, citant “Gmail, Hotmail et Skype” comme des services pouvant représenter “une menace d’ampleur pour la sécurité de la Russie”.